Séance 5 - Texte 2 - Victor Hugo
Mar 26 Mai - 1:51
Texte 2 – Victor Hugo (1802-1885), « A la belle impérieuse », Les Chansons des rues et des bois, 1865.
Victor Hugo est un écrivain engagé, royaliste devenu républicain, qui connaît la gloire dans tous les genres littéraires (poésie, théâtre, romans...) mais aussi l'exil à Guernesey (dans les îles Anglo-Normandes) pour avoir critiqué le coup d’État de Napoléon III. Il a écrit des romans devenus particulièrement célèbres comme Notre-Dame de Paris (1831) et Les Misérables (1862), mais aussi des pièces de théâtre comme Ruy Blas (1838), Lucrèce Borgia (1833) ou Le Roi s'amuse (1832).
En tant que poète lyrique, il est également très productifs et nous offre plusieurs recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d'automne (181) et Les Contemplations (1856).
En tant que poète lyrique, il est également très productifs et nous offre plusieurs recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d'automne (181) et Les Contemplations (1856).
Victor Hugo compose « A la belle impérieuse » lors de son exil à Guernesey. Ce poème semble un peu inverser les rôles entre le poète et la belle...
→ Lire le poème suivant et répondre aux questions en faisant des citations si possible.
A la belle impérieuse
L'amour panique
De la raison,
Se communique
Par le frisson.
Laissez-moi dire,
N'accordez rien.
Si je soupire,
Chantez, c'est bien.
Si je demeure,
Triste à vos pieds,
Et si je pleure,
C'est bien, riez.
Un homme semble
Souvent trompeur.
Mais si je tremble,
Belle, ayez peur.
1) Observez la forme de ce poème : donnez-en le nombre de strophes, le type de strophes, le type de vers utilisé et les schémas de rimes. Que remarquez-vous ?
2) Comment le poète définit-il l'amour dans la première strophe ?
3) D'après ce poème, quelles émotions contraires l'amour peut-il susciter ?
4) Comment apparaît la femme aimée par rapport au poète ? Quel type de relation entretiennent-ils ?
5) A quel temps et quel mode le poète s'adresse-t-il à la bien-aimée ? Qu'est-ce que cela indique ?
6) Qu'annonce la dernière strophe ?
- Correction (cliquez ici):
Correction des questions sur le texte de Victor Hugo
1) Ce poème est composé de quatre strophes de quatre vers chacune (quatrains). Les vers sont formés de quatre syllabes, ce sont des quadrisyllabes, ce qui est relativement rare. Les rimes sont croisées tout au long du poème. Nous remarquons que Victor Hugo a axé sa construction autour du chiffre 4, ce qui donne un rythme rapide au poème et le rend harmonieux.
2) Dans la première strophe, le poète définit l'amour comme étant la « panique / De la raison » (v.1-2), c'est-à-dire un concept qui rend les réflexions difficiles et qui va à l'encontre de la logique.
Comme disait Pascal dans ses Pensées : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ».
3) D'après ce poème, l'amour suscite en nous de nombreuses émotions :
- la peur : « panique » (v.1), « frisson » (v.4), « peur » (v.16)
- la joie : « chantez » (v.8 ), « riez » (v.12)
- la tristesse : « soupire » (v.7), « Triste » (v.10), « je pleure » (v.11)
- la colère : « tremble » (v.15)
C'est donc un sentiment très fort qui nous chamboule complètement.
4) La femme aimée apparaît comme très cruelle tandis que le poète semble lui être entièrement soumis. Si elle peut chanter et rire, pendant qu'il pleure, c'est qu'elle ne se préoccupe pas de son malheureux état. Lui, il se laisse faire. Lorsqu'il écrit « C'est bien », c'est comme s'il acceptait tout ce qu'elle faisait.
C'est donc une relation unilatérale (d'un seul sens) : le poète aime mais sa belle ne l'aime pas en retour.
5) Le poète utilise l'impératif présent pour s'adresser à la belle : c'est le mode du conseil, de la recommandation et des ordres. Ici, il semble la conseiller avec amertume : « Laissez-moi dire / N'accordez rien. », « Chantez », « riez », « ayez peur ».
6) La dernière strophe est une vraie menace : elle annonce que le poète peut faire « peur » à la belle. Il se laisse faire mais il semble également capable de « trembl[er] » de colère.
Conclusion : Dans ce poème, Victor Hugo met d'abord en avant la visible supériorité de la belle qui gouverne ses émotions, mais il n'hésite pas ensuite à la menacer : le rapport de force, qui privilégie en général le pouvoir de la femme sur l'homme et exacerbe sa propension (met en avant sa tendance) à le torturer à sa façon, s'inverse donc : ici, c'est le poète qui devient dangereux pour la belle.
« L'impérieuse », celle qui exige toujours soumission et obéissance, ne doit pas oublier que l'homme peut se lasser de son jeu mesquin...et si c'était elle qui subissait un jour cette tristesse dont elle l'accable ?
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