Séance 5 - Texte 6 - Verlaine
Lun 1 Juin - 20:01
Texte 6 – Paul Verlaine, « Mon rêve familier », Poèmes saturniens, 1866.
Paul Verlaine (1844-1896) est un poète sensuel qui est connu pour sa vie mouvementée, et notamment sa liaison houleuse avec Rimbaud. Sa poésie est très musicale et imagée, mais aussi très orale et novatrice dans sa forme puisqu'il n'hésite pas à utiliser des vers impairs.
→ Lisez le poème suivant et cherchez le vocabulaire indiqué en vert (dictionnaire, Internet...).
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
→ Répondez aux questions suivantes faisant des citations si possible :
1) A quoi rêve Paul Verlaine ?
2) Quelles qualités attend-il de la femme rêvée ? Tentez de développer votre réponse en utilisant des arguments, des citations et des connecteurs logiques (tout d'abord, ensuite, cependant, en outre, de plus...).
3) Comment se décrit-il lui-même dans ce poème ?
4) Qu'est-ce qui prouve que nous avons affaire à un récit de rêve ?
5) Verlaine utilise une comparaison que nous avons déjà vue chez Baudelaire, laquelle ?
6) Observez la forme de ce poème : nombre de strophes, versification...
7) Qu'est-ce qui rend ce poème très musical ?
- Correction (cliquez ici):
Correction des questions sur le texte de Verlaine
1) Paul Verlaine « d'une femme inconnue » (v.2) qui l'aime et qu'elle aime. Il rêve donc d'un amour réciproque et idéal.
2) Il attend que la femme aimée soit tout d'abord aimante, comme l'indiquent les deux expressions « qui m'aime » (v.2) et « m'aime » (v.4).
Il semble ensuite souhaiter qu'elle sache se renouveler et non conserver toujours la même personnalité, ce qui serait ennuyant : « ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre » (v.3-4), à moins qu'il n'évoque-là simplement le fait qu'elle change sans cesse de visage et de personnalité dans son rêve, ce qui indiquerait qu'il n'a pas une idée précise du type de femme qu'il souhaite.
Il aimerait en outre qu'elle le comprenne, comme il le répète aux vers 4 et 5 « me comprend ». Il espère également qu'elle s'occupe bien de lui et aille lui « rafraîchir » son « front blême » (v.7 et 8 ), donc lui enlever ses soucis, « ne pleurant » (v.8 ) donc en étant sensible à ses malheurs.
Le poète semble plutôt ouvert qu'il se moque de la couleur de ses cheveux, « brune, blonde ou rousse » (v.9), et même de son nom, du moment qu'il est « doux et sonore » (v.10). Par contre, elle doit avoir un « regard pareil au regard des statues » (v.12), c'est-à-dire sans jugement et très beau, ainsi qu'une voix « lointaine, et calme, et grave » (v.13) qui ressemble à celle des « voix chères qui se sont tues » (v.14) donc des êtres que le poète a perdu, comme peut-être sa mère ou une autre femme qu'il a aimée.
3) Le poète se décrit lui-même comme étant aimant, « que j'aime » (v.2), sincère, puisqu'il écrit que son « coeur » est « transparent » (v.9), ouvert, puisqu'il se moque de la couleur des cheveux de sa dulcinée, et un soupçon mélancolique puisqu'il fait référence aux êtres disparus sur la fin de son poème avec l'expression « des voix chère qui se sont tues ».
4) Nous avons affaire à un récit de rêve puisque le poète l'explicite directement au premier vers avec l'expression « Je fais souvent ce rêve » et qu'il nous livre une description peu précise et fluctuante de ce qui serait pour lui l'amour idéal.
5) Verlaine compare la femme rêvée à une « statue » (v.12), comme le faisait Baudelaire avec sa passante à la « jambe de statue ».
6) Ce poème est un sonnet. Il possède donc quatre strophes, dont deux quatrains et deux tercets. Il est en alexandrins (vers de 12 syllabes). Ses rimes sont embrassées (ABBA) dans les quatrains, plates (AA) dans les deux premiers vers du premier tercet, puis croisées (ABAB) sur la fin.
7) Ce poème est très musical puisqu'il utilise très souvent la répétition, comme dans les ritournelles : « comprend » x2, « aime » x2, « (Pour) elle seule » x3, « regard » x2, « voix » x2...
Ainsi, elle est chantante, facile à réciter et à apprendre.
Conclusion du texte 6 – Verlaine
Dans son poème « Mon rêve familier », Verlaine imagine la femme idéale ou du moins celle qui lui proposera l'amour idéal, c'est-à-dire sincère, aimant et beau. Il n'hésite pas à jouer sur les répétitions pour donner à son sonnet plus de musicalité et de force. Il faut noter que malgré l'aspect optimiste de son texte, il n'en laisse pas moins s'en échapper une forme de mélancolie qui rappelle les êtres chers disparus. La femme rêvée semble avoir pour rôle de combler un certain vide.
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