Séance 1 - Le héros antique - B) Ulysse
Lun 29 Juin - 10:39
B) Ulysse
Nous allons étudier le personnage d'Ulysse à l'aide de trois extraits de l'Odyssée d'Homère.
a) Un aède chanté par un aède
L'Odyssée d'Homère date de la fin du VIIIème siècle av. J.C. C'est une épopée, un long poème en grec ancien, composé de vers et divisé en 24 chants, qui raconte les aventures héroïques d'Ulysse.
Le personnage, Ulysse, raconte sa propre histoire aux Phéaciens. Il est donc à la fois le héros et le narrateur. Comme l'auteur, on peut le considérer comme un aède (poète qui transmet les chants). C'est une mise en abyme de la narration : un auteur écrit l'histoire d'un personnage qui raconte sa propre histoire...C'est donc une histoire dans une histoire.
La mise en abyme = figure de style qui consiste à représenter une œuvre dans une œuvre, un film dans un film, un roman dans un roman ou une image dans une image.
Par exemple, les boucles d'oreilles de la Vache qui Rit représentent une Vache qui Rit qui porte elle-même des boucles d'oreilles Vache qui Rit, etc.
b) Un roi en exil
Ulysse, fils de Laëte (père) et d'Anticlée (mère), est le roi d'Ithaque (île grecque), le mari de Pénélope et le père de Télémaque. Il a participé à la Guerre de Troie aux côtés des Grecs.
Après les dix ans de Guerre à Troie, Ulysse tente de rentrer à Ithaque. Malheureusement, Poséidon, le dieu de la mer, le pourchasse et met sur sa route de nombreux périls. Le héros doit se battre pour sa survie et traverser de grandes épreuves. Il subit d'affreuses tempêtes, affronte les Sirènes, les Cyclopes et des monstres marins, il rencontre la magicienne Circé, la princesse Nausicaa et la nymphe Calypso.
c) L'homme aux mille ruses
Ulysse est un personnage mythique connu pour sa grande ruse.
Par exemple, pour fuir le cyclope Polyphème qui voulait dévorer ses compagnons et lui-même, le héros lui dit qu'il s'appelle « Personne ». Puis, il lui crève un œil et s'accroche aux moutons que le cyclope garde pour sortir sans se faire voir de la grotte où il est enfermé. Lorsque le cyclope va se plaindre à ses amis et leur demander leur aide, ces derniers se moquent de lui puisqu'il prétend avoir été attaqué par « Personne ».
C'est également Ulysse qui a eu l'idée d'offrir aux Troyens un immense cheval en bois comme « cadeau » et d'y cacher des soldats. Croyant que la guerre est terminée, les Troyens font entrer le cheval dans la ville et permettent ainsi aux soldats grecs de les envahir durant la nuit. C'est donc en grande partie grâce à la ruse d'Ulysse que les Grecs ont gagné cette guerre.
Remarque : On appelle « Trojan horse » ou « Cheval de Troie », les logiciels informatiques malveillants qui s'installent dans nos ordinateurs à notre insu et qui attendent leur heure pour agir.
Texte 2 – Homère, L'Odyssée, XII, « Ulysse et les Sirènes »
→ Lisez le texte suivant, cherchez le vocabulaire difficile et répondez aux questions en faisant des citations si possible.
Sur la mer, Ulysse s'arrête pour prévenir ses compagnons et s'engage sur la route des Sirènes.
« Ô mes amis, je vais vous faire connaître les prédictions de la divine Circé ; afin que vous sachiez tous si nous périrons, ou si nous échapperons à la mort qui nous menace. Circé nous défend d'écouter les harmonieux accents des Sirènes ; elle nous ordonne de fuir leurs prairies émaillées de fleurs, et elle ne permet qu'à moi d'entendre leurs chants. Mais aussi vous devez m'attacher avec des cordes et des chaînes au pied du mât élevé pour que j'y reste immobile. Si je vous implore et si je vous commande de me délier, alors entourez-moi de nouveaux liens. »
Tandis que j'apprenais à mes compagnons tous ces détails, nous apercevons l'île des Sirènes ; car notre navire était poussé par un vent favorable. Mais tout à coup le vent s'apaise, le calme se répand dans les airs, et les flots sont assoupis par un dieu. Les rameurs se lèvent, plient les voiles, et les déposent dans le creux navire ; puis ils s'asseyent sur les bancs et font blanchir l'onde de leurs rames polies et brillantes. Aussitôt je tire mon glaive d'airain et je divise en morceaux une grande masse de cire que je presse fortement entre mes mains ; la cire s'amollit en cédant à mes efforts et à la brillante lumière du soleil, fils d'Hypérion, puis j'introduis cette cire dans les oreilles de tous mes guerriers. Ceux-ci m'attachent les pieds et les mains au mât avec de fortes cordes ; ils s'asseyent et frappent de leurs rames la mer blanchissante. Quand, dans sa course rapide, le vaisseau n'est plus éloigné du rivage que de la portée de la voix et qu'il ne peut plus échapper aux regards des Sirènes, ces nymphes font entendre ce chant mélodieux :
« Viens, Ulysse, viens, héros fameux, toi la gloire des Achéens ; arrête ici ton navire et prête l'oreille à nos accents. Jamais aucun mortel n'a paru devant ce rivage sans avoir écouté les harmonieux concerts qui s'échappent de nos lèvres. Toujours celui qui a quitté notre plage s'en retourne charmé dans sa patrie et riche de nouvelles connaissances. Nous savons tout ce que, dans les vastes plaines d'Ilion, les Achéens et les Troyens ont souffert par la volonté des dieux. Nous savons aussi tout ce qui arrive sur la terre féconde. »
Tel est le chant mélodieux des Sirènes, que mon cœur désirait entendre. Aussitôt fronçant les sourcils, j'ordonne à mes compagnons de me délier ; mais au lieu d'obéir ils se couchent et rament encore avec plus d'ardeur. En même temps Euryloque et Périmède se lèvent, me chargent de nouveaux liens qui me serrent davantage. Quand nous avons laissé derrière nous ces rivages et que nous n'entendons plus la voix des Sirènes, ni leurs accents mélodieux, mes compagnons enlèvent la cire qui bouche leurs oreilles et me dégagent de mes liens.
1) Que savons-nous sur les Sirènes ? Sont-elles décrites physiquement ? Qu'est-ce que cela produit sur le lecteur ?
2) Pourquoi leur nom porte-t-il une majuscule ?
3) Quels conseils Circé a-t-elle donnés à Ulysse. Les suit-il ?
4) Relevez l'épithète homérique qui caractérise Circé.
5) Sans ses compagnons, Ulysse aurait-il pu survivre ? Justifiez.
Conclusion du texte 2
Ulysse est un héros qui peut avoir confiance en ses compagnons. Grâce aux bons conseils de Circé et au courage et à la fidélité de ses hommes, il a le privilège d'entendre le doux chant des Sirènes sans périr. Ulysse est ainsi avide de découvertes et prêt à mettre sa vie entre les mains de ses amis. C'est un meneur qui aime s'instruire et qui croit en les siens.
Analyse d'image : La porterie des Sirènes
→ Observez l'image ci-dessous et répondez aux questions qui l'accompagnent.
1) D'où provient ce vase ?
2) A quoi ressemblent les Sirènes sur ce vase ?
3) Comment les imaginiez-vous ?
4) Comment le danger est-il représenté dans cette scène ? Expliquez.
5) Où se trouve Ulysse ?
Texte 3 – Homère, L'Odyssée, XII, « De Charybde en Scylla »
→ Lisez le texte suivant, cherchez le vocabulaire difficile et répondez aux questions en faisant des citations si possible.
Ulysse et ses compagnons s’apprêtent à affronter deux autres monstres marins...
Nous entrons dans la passe et voguons angoissés. Nous avons d’un côté la divine Charybde et, de l’autre, Scylla. Quand Charybde vomit, toute la mer bouillonne et retentit comme un bassin sur un grand feu : l’écume en rejaillit jusqu’au haut des écueils et les couvre tous deux. Quand Charybde engloutit à nouveau l’onde amère, on la voit, dans son trou, bouillonner toute entière ; le rocher du pourtour mugit terriblement ; tout en bas, apparaît un fond de sables bleus... Ah ! La terreur qui prit et fit verdir mes gens !
Mais tandis que nos yeux regardaient vers Charybde, d’où nous craignions la mort, Scylla nous enlevait dans le creux du navire six compagnons, les meilleurs bras et les plus forts ; me retournant pour voir le croiseur et mes gens, je n’aperçois les autres qu’emportés en plein ciel, pieds et mains battant l’air, et criant, m’appelant et répétant mon nom, pour la dernière fois : quel effroi dans leur cœur ! Sur un cap avancé, quand, au bout de sa gaule , le pêcheur a lancé vers les petits poissons l’appât trompeur et la corne du bœuf champêtre, on le voit brusquement rejeter hors de l’eau sa prise frétillante. Ils frétillaient ainsi, hissés contre les pierres, et Scylla, sur le seuil de l’antre, les mangeait. Ils m’appelaient encore ; ils me tendaient leurs mains en cette lutte atroce ! [...]
Non ! Jamais, de mes yeux, je ne vis telle horreur, à travers tous les maux que m’a valus sur mer la recherche des passes.
1) Observez bien les verbes associés aux deux monstres : à quoi pouvez-vous les comparer ?
2) A quoi sont comparés les compagnons d'Ulysse ?
3) Relevez le champ lexical de la peur.
4) A votre avis, que signifie l'expression « tomber de Charybde en Scylla » ?
Plaque en terre cuite dite de Milo : Scylla. Vers le Ve s. av. J.-C.
Paris, musée du Louvre.
5) Observez la photo ci-dessus: en quelle matière est fait cet objet ?
6) Où est-il conservé ?
7) Qui est représentée ?
8 ) A quoi son apparence vous fait-elle penser ?
Conclusion sur le texte 3
Pourchassé par Poséidon, Ulysse n'a pas de répit : il va littéralement de Charybde en Scylla, c'est-à-dire d'un danger à l'autre. Ses compagnons et lui-même peinent à franchir la terrible passe dans laquelle les deux monstres ainsi nommés attendent les voyageurs imprudents. Ici encore, il perd de nombreux amis. Ainsi, malgré ses grandes qualités, le héros ne peut pas toujours s'en sortir sans sacrifices.
Nous remarquons que dans l'Antiquité, les monstres mythologiques pouvaient représenter des dangers naturels : ici, Charybde nous évoque un tourbillon et Scylla illustre sans doute des récifs sur lesquels les navires pouvaient s'échouer. La légende semble ainsi provenir d'une cruelle réalité.
Texte 4 – Homère, L'Odyssée, XII, « Ulysse et les prétendants »
→ Lisez le texte suivant, cherchez le vocabulaire difficile et répondez aux questions en faisant des citations si possible.
Cela fait vingt ans qu'Ulysse est parti d'Ithaque (10 ans de guerre à Troie et 10 ans d'errance sur la mer). Sa femme, Pénélope, a réussi à tenir à distance ses nombreux prétendants (ceux qui voulaient se marier avec elle en pensant qu'Ulysse était mort). Cependant, les prétendants n'en peuvent plus d'attendre et ils la pressent pour qu'elle choisisse un nouveau roi.
Ulysse rentre chez lui incognito, déguisé en mendiant, et participe à l'épreuve que Pénélope vient de mettre en place pour départager les prétendants. Ils doivent bander son arc et faire passer leur flèche au travers de douze haches, exploit qu'Ulysse est le seul à pouvoir réussir.
Ulysse gagne l'épreuve. Il décide alors de se venger...
[extrait 1]
L'ingénieux Ulysse, après s'être dépouillé de ses haillons, s'élance sur le large seuil de la porte, en tenant dans ses mains l'arc et le carquois rempli de flèches ; il répand à ses pieds ces traits rapides, et dit aux prétendants : « Cette lutte terrible est enfin terminée. Maintenant, je vais viser un autre but que nul homme n'a encore atteint, voyons si je ne le manquerais point, et si le puissant Apollon m'accordera la gloire d'atteindre ce but. »
Il dit, et dirige sur Antinoüs un trait homicide : ce jeune prince allait soulever une belle coupe d'or à deux anses, et il la saisissait déjà pour boire le vin qu'elle contenait ; car il était loin de penser au trépas. En effet, qui aurait pu croire qu'au milieu de tant de convives, un seul homme, quels que fussent d'ailleurs son courage et sa force, eût osé précipiter Antinoüs dans le sombre empire de la Mort ? … Ulysse le frappe à la gorge, et la pointe de la flèche traverse le cou tendre et délicat du malheureux prétendant. Antinoüs tombe à la renverse ; la coupe échappe de ses mains, et soudain des flots de sang jaillissent de ses narines. Il repousse la table loin de lui en la frappant avec ses pieds ; les mets se répandent à terre, et le pain et les viandes rôties nagent dans le sang. Les prétendants, en voyant tomber Antinoüs, se troublent aussitôt ; ils s'élancent de leurs sièges, poussent de grandes clameurs dans le palais, et parcourent des yeux les élégantes murailles. Mais maintenant il n'y a plus pour eux dans cette salle ni bouclier, ni glaives, ni lances.
Eurymaque, un autre prétendant, tente de calmer Ulysse en accusant Antinoüs de les avoir poussés à courtiser Pénélope. Mais le roi n'est pas dupe et Eurymaque encourage finalement ses amis à lui faire face :
[extrait 2]
« Ô mes amis, jamais cet homme inflexible ne suspendra ses coups ! Maintenant qu'il a saisi l'arc étincelant et le carquois, il va, du seuil superbe où il est placé, nous accabler de flèches jusqu'à ce qu'il nous ait tous immolés. Eh bien ! Ranimons notre courage, et ne songeons plus qu'à combattre. Tirons nos glaives et opposons ces tables à ses traits cruels ; puis fondons sur lui, chassons-le du seuil qu'il occupe et de cette porte qu'il a fermée ; parcourons les rues de la ville en poussant des cris d'alarmes, et bientôt cet homme aura lancé ses flèches pour la dernière fois ! »
En disant ces derniers mots, il tire son glaive d'airain à deux tranchants, et fond sur Ulysse en poussant des cris effroyables. Au même instant le héros lui décoche une flèche rapide qui s'enfonce au milieu de sa poitrine et pénètre jusque dans le foie. Eurymaque, en lâchant son épée, chancelle, tombe tout sanglant près de la table, et, dans sa chute, il renverse les mets et les coupes : son front va frapper contre le sol, ses pieds heurtent le siège sur lequel il était assis, la vie l'abandonne, et les ténèbres de la mort couvrent ses yeux. Amphinome, l'épée à la main, se jette aussitôt sur le valeureux Ulysse, et veut le chasser des portes. Tout à coup, Télémaque fond sur lui avec fureur et le frappe par-derrière : sa lance d'airain s'enfonce entre les deux épaules d'Amphinome et lui traverse la poitrine. Le prétendant tombe avec bruit et frappe la terre de son front. Télémaque s'enfuit et laisse sa lance dans le sein de ce jeune prince ; car il craint que l'un des Achéens ne se jette sur lui et ne le perce de son épée tandis qu'il retirera son long javelot de la poitrine d'Amphinome.
Remarque : Utilisez les deux extraits pour répondre.
1) Repérez quelques épithètes homériques et expliquez-les.
2) Avec qui Ulysse combat-il les prétendants ?
3) Comment se nomment les trois prétendants qui meurent en premier ? Qui les a tués et comment ?
4) Faites l'inventaire des différentes armes de combat utilisées ou évoquées dans ces deux extraits.
5) Relevez le champ lexical de la violence dans les deux extraits.
6) Selon vous, peut-on considérer Ulysse comme un meurtrier ou comme un héros ? Justifiez.
Conclusion du texte 4
Finalement, Ulysse s'avère être un guerrier hors normes, capable de réussir les plus grandes épreuves, comme le défi des haches. C'est également un roi légitime et sans pitié, qui ne peut pas supporter la traîtrise des prétendants de Pénélope, sa femme. Il est prêt à tout pour récupérer son royaume et en assurer la prospérité. Violent, il manque certes de magnanimité, mais il demeure le héros de la grande épopée qu'est l'Odyssée.
Faire preuve de magnanimité / être magnanime = pardonner les plus faibles quand on occupe une haute place dans la société (quand on est roi par exemple).
Conclusion sur Ulysse
Ulysse est donc un meneur d'hommes qui possède un certain charisme et une autorité naturelle, due à ses qualités et à ses origines. C'est un fin stratège qui prend soin de ses hommes, qui tente de les ramener chez eux et de les sauver face aux monstres les plus impitoyables. Grâce à sa ruse, il parvient à franchir les récifs des Sirènes, grâce à son courage il réussit à sauver quelques hommes face à Charybde et Scylla, et enfin grâce à sa force et à sa persévérance, il reprend son trône et élimine les prétendants de sa femme, qui ne sont que des traîtres à ses yeux. C'est un fier soldat de la Guerre de Troie, un chef-né qui sait s'entourer de bons compagnons et enfin un roi ferme et intransigeant qui tient à son royaume.
Être intransigeant = ne laisser passer aucune erreur, n'accepter aucun échec de la part des autres et punir immédiatement.
A noter : L'Odyssée d'Homère a donné le nom commun « une odyssée ». On utilise ce nom pour désigner un voyage éprouvant, pénible, difficile et souvent dangereux.
Par exemple : « J'ai traversé l'Océan Atlantique en canoë, cela a été une véritable odyssée ! »
Nous allons étudier le personnage d'Ulysse à l'aide de trois extraits de l'Odyssée d'Homère.
a) Un aède chanté par un aède
L'Odyssée d'Homère date de la fin du VIIIème siècle av. J.C. C'est une épopée, un long poème en grec ancien, composé de vers et divisé en 24 chants, qui raconte les aventures héroïques d'Ulysse.
Le personnage, Ulysse, raconte sa propre histoire aux Phéaciens. Il est donc à la fois le héros et le narrateur. Comme l'auteur, on peut le considérer comme un aède (poète qui transmet les chants). C'est une mise en abyme de la narration : un auteur écrit l'histoire d'un personnage qui raconte sa propre histoire...C'est donc une histoire dans une histoire.
La mise en abyme = figure de style qui consiste à représenter une œuvre dans une œuvre, un film dans un film, un roman dans un roman ou une image dans une image.
Par exemple, les boucles d'oreilles de la Vache qui Rit représentent une Vache qui Rit qui porte elle-même des boucles d'oreilles Vache qui Rit, etc.
b) Un roi en exil
Ulysse, fils de Laëte (père) et d'Anticlée (mère), est le roi d'Ithaque (île grecque), le mari de Pénélope et le père de Télémaque. Il a participé à la Guerre de Troie aux côtés des Grecs.
Après les dix ans de Guerre à Troie, Ulysse tente de rentrer à Ithaque. Malheureusement, Poséidon, le dieu de la mer, le pourchasse et met sur sa route de nombreux périls. Le héros doit se battre pour sa survie et traverser de grandes épreuves. Il subit d'affreuses tempêtes, affronte les Sirènes, les Cyclopes et des monstres marins, il rencontre la magicienne Circé, la princesse Nausicaa et la nymphe Calypso.
c) L'homme aux mille ruses
Ulysse est un personnage mythique connu pour sa grande ruse.
Par exemple, pour fuir le cyclope Polyphème qui voulait dévorer ses compagnons et lui-même, le héros lui dit qu'il s'appelle « Personne ». Puis, il lui crève un œil et s'accroche aux moutons que le cyclope garde pour sortir sans se faire voir de la grotte où il est enfermé. Lorsque le cyclope va se plaindre à ses amis et leur demander leur aide, ces derniers se moquent de lui puisqu'il prétend avoir été attaqué par « Personne ».
C'est également Ulysse qui a eu l'idée d'offrir aux Troyens un immense cheval en bois comme « cadeau » et d'y cacher des soldats. Croyant que la guerre est terminée, les Troyens font entrer le cheval dans la ville et permettent ainsi aux soldats grecs de les envahir durant la nuit. C'est donc en grande partie grâce à la ruse d'Ulysse que les Grecs ont gagné cette guerre.
Remarque : On appelle « Trojan horse » ou « Cheval de Troie », les logiciels informatiques malveillants qui s'installent dans nos ordinateurs à notre insu et qui attendent leur heure pour agir.
Texte 2 – Homère, L'Odyssée, XII, « Ulysse et les Sirènes »
→ Lisez le texte suivant, cherchez le vocabulaire difficile et répondez aux questions en faisant des citations si possible.
Ulysse et les Sirènes
Sur la mer, Ulysse s'arrête pour prévenir ses compagnons et s'engage sur la route des Sirènes.
« Ô mes amis, je vais vous faire connaître les prédictions de la divine Circé ; afin que vous sachiez tous si nous périrons, ou si nous échapperons à la mort qui nous menace. Circé nous défend d'écouter les harmonieux accents des Sirènes ; elle nous ordonne de fuir leurs prairies émaillées de fleurs, et elle ne permet qu'à moi d'entendre leurs chants. Mais aussi vous devez m'attacher avec des cordes et des chaînes au pied du mât élevé pour que j'y reste immobile. Si je vous implore et si je vous commande de me délier, alors entourez-moi de nouveaux liens. »
Tandis que j'apprenais à mes compagnons tous ces détails, nous apercevons l'île des Sirènes ; car notre navire était poussé par un vent favorable. Mais tout à coup le vent s'apaise, le calme se répand dans les airs, et les flots sont assoupis par un dieu. Les rameurs se lèvent, plient les voiles, et les déposent dans le creux navire ; puis ils s'asseyent sur les bancs et font blanchir l'onde de leurs rames polies et brillantes. Aussitôt je tire mon glaive d'airain et je divise en morceaux une grande masse de cire que je presse fortement entre mes mains ; la cire s'amollit en cédant à mes efforts et à la brillante lumière du soleil, fils d'Hypérion, puis j'introduis cette cire dans les oreilles de tous mes guerriers. Ceux-ci m'attachent les pieds et les mains au mât avec de fortes cordes ; ils s'asseyent et frappent de leurs rames la mer blanchissante. Quand, dans sa course rapide, le vaisseau n'est plus éloigné du rivage que de la portée de la voix et qu'il ne peut plus échapper aux regards des Sirènes, ces nymphes font entendre ce chant mélodieux :
« Viens, Ulysse, viens, héros fameux, toi la gloire des Achéens ; arrête ici ton navire et prête l'oreille à nos accents. Jamais aucun mortel n'a paru devant ce rivage sans avoir écouté les harmonieux concerts qui s'échappent de nos lèvres. Toujours celui qui a quitté notre plage s'en retourne charmé dans sa patrie et riche de nouvelles connaissances. Nous savons tout ce que, dans les vastes plaines d'Ilion, les Achéens et les Troyens ont souffert par la volonté des dieux. Nous savons aussi tout ce qui arrive sur la terre féconde. »
Tel est le chant mélodieux des Sirènes, que mon cœur désirait entendre. Aussitôt fronçant les sourcils, j'ordonne à mes compagnons de me délier ; mais au lieu d'obéir ils se couchent et rament encore avec plus d'ardeur. En même temps Euryloque et Périmède se lèvent, me chargent de nouveaux liens qui me serrent davantage. Quand nous avons laissé derrière nous ces rivages et que nous n'entendons plus la voix des Sirènes, ni leurs accents mélodieux, mes compagnons enlèvent la cire qui bouche leurs oreilles et me dégagent de mes liens.
L'Odyssée d'Homère, extrait du chant XII, fin du VIIIème siècle av. J.C.
1) Que savons-nous sur les Sirènes ? Sont-elles décrites physiquement ? Qu'est-ce que cela produit sur le lecteur ?
2) Pourquoi leur nom porte-t-il une majuscule ?
3) Quels conseils Circé a-t-elle donnés à Ulysse. Les suit-il ?
4) Relevez l'épithète homérique qui caractérise Circé.
5) Sans ses compagnons, Ulysse aurait-il pu survivre ? Justifiez.
- Correction (cliquez ici):
Correction des questions sur le texte 2
1) Nous savons que les Sirènes ont d'« harmonieux accents », donc de belles voix, et qu'elles entonnent un « chant mélodieux », donc qu'elles chantent très bien.
Cependant, elle ne sont pas du tout décrites physiquement. Le lecteur peut ainsi les imaginer comme il le désire. Cela rend ces créatures très mystérieuses.
2) Leur nom porte une majuscule car c'est un nom de peuple mythique, donc un nom propre.
3) Circé a recommandé à Ulysse de ne pas écouter les Sirènes à moins d'être attaché à un mât du bateau. Elle lui a ordonné de « fuir leurs prairies ». Ulysse a suivi ses conseils : il s'est fait attacher au mât et il a mis de la cire dans les oreilles de ses compagnons pour les protéger.
4) Circé est appelée « la divine Circé », ce qui rappelle qu'elle possède des pouvoirs (c'est une magicienne).
5) Sans ses compagnons, Ulysse n'aurait sans doute pas pu survivre car il ne pouvait pas manœuvrer le bateau tout seul ni résister au chant des Sirènes. Grâce à eux, il peut se permettre d'écouter leur chant et de continuer sa route sans se laisser emporter par les créatures. Sur la fin du texte, ses compagnons refusent de l'écouter lorsqu'il demande à être délié : « au lieu d'obéir ils se couchent et rament avec plus d'ardeur ». Il le « chargent de nouveaux liens » pour éviter qu'il ne se détache.
Conclusion du texte 2
Ulysse est un héros qui peut avoir confiance en ses compagnons. Grâce aux bons conseils de Circé et au courage et à la fidélité de ses hommes, il a le privilège d'entendre le doux chant des Sirènes sans périr. Ulysse est ainsi avide de découvertes et prêt à mettre sa vie entre les mains de ses amis. C'est un meneur qui aime s'instruire et qui croit en les siens.
Analyse d'image : La porterie des Sirènes
→ Observez l'image ci-dessous et répondez aux questions qui l'accompagnent.
Ulysse et les Sirènes, vase à figure rouge (argile sur fond noir), fabriqué à Athènes vers 480 avant J. -C., découvert à Vulci (en Italie).
1) D'où provient ce vase ?
2) A quoi ressemblent les Sirènes sur ce vase ?
3) Comment les imaginiez-vous ?
4) Comment le danger est-il représenté dans cette scène ? Expliquez.
5) Où se trouve Ulysse ?
- Correction (cliquez ici):
Correction des questions sur le vase des Sirènes
1) Ce vase provient d’Athènes, en Grèce, mais il a été découvert à Vulci, en Italie. Il a sûrement été vendu et il a fait du chemin.
2) Sur ce vase, les Sirènes ressemblent à des oiseaux de proie avec des têtes de femmes.
3) Nous les imaginions dans l'eau, avec un buste de femme et une queue de poisson.
4) Dans cette scène, le danger est représenté par la position des Sirènes, qui se trouvent en hauteur, perchées sur des nuages ou des roches, et qui encadrent le bateau. Ulysse et ses compagnons semblent encerclés. De plus, une Sirène plonge en piqué vers les humains, comme pour venir les saisir.
5) Ulysse se trouve au centre de la scène, attaché au mât du bateau, comme Homère le décrit dans l'Odyssée.
Conclusion sur le vase
La représentation des Sirènes a fort changé avec le temps. Dans l'Antiquité, ces créatures merveilleuses étaient des oiseaux à têtes de femmes qui attaquaient les bateaux depuis le ciel et déchiquetaient les marins à l'aide de leurs serres pour les dévorer.
Par la suite, ces monstres mythologiques ont été représentés comme des femmes à queues de poissons qui attiraient les hommes dans l'eau pour les noyer.
Dans tous les cas, ce sont des créatures qui auraient la faculté de charmer les humains grâce à leurs magnifiques voix et à leurs chants envoûtants.
Texte 3 – Homère, L'Odyssée, XII, « De Charybde en Scylla »
→ Lisez le texte suivant, cherchez le vocabulaire difficile et répondez aux questions en faisant des citations si possible.
De Charybde en Scylla
Ulysse et ses compagnons s’apprêtent à affronter deux autres monstres marins...
Nous entrons dans la passe et voguons angoissés. Nous avons d’un côté la divine Charybde et, de l’autre, Scylla. Quand Charybde vomit, toute la mer bouillonne et retentit comme un bassin sur un grand feu : l’écume en rejaillit jusqu’au haut des écueils et les couvre tous deux. Quand Charybde engloutit à nouveau l’onde amère, on la voit, dans son trou, bouillonner toute entière ; le rocher du pourtour mugit terriblement ; tout en bas, apparaît un fond de sables bleus... Ah ! La terreur qui prit et fit verdir mes gens !
Mais tandis que nos yeux regardaient vers Charybde, d’où nous craignions la mort, Scylla nous enlevait dans le creux du navire six compagnons, les meilleurs bras et les plus forts ; me retournant pour voir le croiseur et mes gens, je n’aperçois les autres qu’emportés en plein ciel, pieds et mains battant l’air, et criant, m’appelant et répétant mon nom, pour la dernière fois : quel effroi dans leur cœur ! Sur un cap avancé, quand, au bout de sa gaule , le pêcheur a lancé vers les petits poissons l’appât trompeur et la corne du bœuf champêtre, on le voit brusquement rejeter hors de l’eau sa prise frétillante. Ils frétillaient ainsi, hissés contre les pierres, et Scylla, sur le seuil de l’antre, les mangeait. Ils m’appelaient encore ; ils me tendaient leurs mains en cette lutte atroce ! [...]
Non ! Jamais, de mes yeux, je ne vis telle horreur, à travers tous les maux que m’a valus sur mer la recherche des passes.
L’Odyssée d'Homère, extrait du chant XII, fin du VIIIème siècle av. J.C..
1) Observez bien les verbes associés aux deux monstres : à quoi pouvez-vous les comparer ?
2) A quoi sont comparés les compagnons d'Ulysse ?
3) Relevez le champ lexical de la peur.
4) A votre avis, que signifie l'expression « tomber de Charybde en Scylla » ?
Plaque en terre cuite dite de Milo : Scylla. Vers le Ve s. av. J.-C.
Paris, musée du Louvre.
5) Observez la photo ci-dessus: en quelle matière est fait cet objet ?
6) Où est-il conservé ?
7) Qui est représentée ?
8 ) A quoi son apparence vous fait-elle penser ?
- Correction (cliquez ici):
Correction des questions sur le texte 3 et l'image
1) Les verbes associés aux deux monstres sont très particuliers :
- Charybde : « vomit », « bouillonne », « retentit », « rejaillit », « couvre », « engloutit » « bouillonner », « mugit »
- Scylla : « enlevait », « emportés », « battant l'air », « mangeait »
Nous pouvons comparer Charybde à un tourbillon dans l'eau et un à geyser tandis que Scylla ressemble plus à un monstre qui dévore les gens en les soulevant dans les airs.
2) Les compagnons d'Ulysse sont comparés à une « prise frétillante » de pêcheur. Cela renforce l'idée qu'ils sont impuissants face à ces terribles monstres.
3) Le héros et ses hommes sont en proie à la peur. Nous le voyons grâce à l'adjectif « angoissés », et aux expressions « la terreur fit verdir mes gens », « nous craignions la mort », « criant », « m'appelant » et « quel effroi dans leur coeur ». Ces deux monstres sont terrifiants et tuent de nombreux compagnons.
4) L'expression « tomber de Charybde en Scylla » signifie que l'on va de problème en problème. Elle est synonyme de l'expression « aller de mal en pis », c'est-à-dire aller d'une situation désastreuse à une situation encore pire.
5) Cet objet est fait en terre cuite.
6) Il est conservé au Louvre, le grand musée parisien.
7) C'est Scylla qui est représentée.
8 ) Son apparence nous fait penser à une sirène moderne. En effet, c'est femme qui possède une queue de poisson ou de serpent de mer. On remarque cependant des espèces de chiens à ses côtés. Elle n'est donc pas seule. Souvent, on considère que Scylla est une hydre à plusieurs têtes.
Une hydre : animal merveilleux, serpent ou dragon à plusieurs têtes.
Conclusion sur le texte 3
Pourchassé par Poséidon, Ulysse n'a pas de répit : il va littéralement de Charybde en Scylla, c'est-à-dire d'un danger à l'autre. Ses compagnons et lui-même peinent à franchir la terrible passe dans laquelle les deux monstres ainsi nommés attendent les voyageurs imprudents. Ici encore, il perd de nombreux amis. Ainsi, malgré ses grandes qualités, le héros ne peut pas toujours s'en sortir sans sacrifices.
Nous remarquons que dans l'Antiquité, les monstres mythologiques pouvaient représenter des dangers naturels : ici, Charybde nous évoque un tourbillon et Scylla illustre sans doute des récifs sur lesquels les navires pouvaient s'échouer. La légende semble ainsi provenir d'une cruelle réalité.
Texte 4 – Homère, L'Odyssée, XII, « Ulysse et les prétendants »
→ Lisez le texte suivant, cherchez le vocabulaire difficile et répondez aux questions en faisant des citations si possible.
Ulysse est les prétendants
Cela fait vingt ans qu'Ulysse est parti d'Ithaque (10 ans de guerre à Troie et 10 ans d'errance sur la mer). Sa femme, Pénélope, a réussi à tenir à distance ses nombreux prétendants (ceux qui voulaient se marier avec elle en pensant qu'Ulysse était mort). Cependant, les prétendants n'en peuvent plus d'attendre et ils la pressent pour qu'elle choisisse un nouveau roi.
Ulysse rentre chez lui incognito, déguisé en mendiant, et participe à l'épreuve que Pénélope vient de mettre en place pour départager les prétendants. Ils doivent bander son arc et faire passer leur flèche au travers de douze haches, exploit qu'Ulysse est le seul à pouvoir réussir.
Ulysse gagne l'épreuve. Il décide alors de se venger...
[extrait 1]
L'ingénieux Ulysse, après s'être dépouillé de ses haillons, s'élance sur le large seuil de la porte, en tenant dans ses mains l'arc et le carquois rempli de flèches ; il répand à ses pieds ces traits rapides, et dit aux prétendants : « Cette lutte terrible est enfin terminée. Maintenant, je vais viser un autre but que nul homme n'a encore atteint, voyons si je ne le manquerais point, et si le puissant Apollon m'accordera la gloire d'atteindre ce but. »
Il dit, et dirige sur Antinoüs un trait homicide : ce jeune prince allait soulever une belle coupe d'or à deux anses, et il la saisissait déjà pour boire le vin qu'elle contenait ; car il était loin de penser au trépas. En effet, qui aurait pu croire qu'au milieu de tant de convives, un seul homme, quels que fussent d'ailleurs son courage et sa force, eût osé précipiter Antinoüs dans le sombre empire de la Mort ? … Ulysse le frappe à la gorge, et la pointe de la flèche traverse le cou tendre et délicat du malheureux prétendant. Antinoüs tombe à la renverse ; la coupe échappe de ses mains, et soudain des flots de sang jaillissent de ses narines. Il repousse la table loin de lui en la frappant avec ses pieds ; les mets se répandent à terre, et le pain et les viandes rôties nagent dans le sang. Les prétendants, en voyant tomber Antinoüs, se troublent aussitôt ; ils s'élancent de leurs sièges, poussent de grandes clameurs dans le palais, et parcourent des yeux les élégantes murailles. Mais maintenant il n'y a plus pour eux dans cette salle ni bouclier, ni glaives, ni lances.
Eurymaque, un autre prétendant, tente de calmer Ulysse en accusant Antinoüs de les avoir poussés à courtiser Pénélope. Mais le roi n'est pas dupe et Eurymaque encourage finalement ses amis à lui faire face :
[extrait 2]
« Ô mes amis, jamais cet homme inflexible ne suspendra ses coups ! Maintenant qu'il a saisi l'arc étincelant et le carquois, il va, du seuil superbe où il est placé, nous accabler de flèches jusqu'à ce qu'il nous ait tous immolés. Eh bien ! Ranimons notre courage, et ne songeons plus qu'à combattre. Tirons nos glaives et opposons ces tables à ses traits cruels ; puis fondons sur lui, chassons-le du seuil qu'il occupe et de cette porte qu'il a fermée ; parcourons les rues de la ville en poussant des cris d'alarmes, et bientôt cet homme aura lancé ses flèches pour la dernière fois ! »
En disant ces derniers mots, il tire son glaive d'airain à deux tranchants, et fond sur Ulysse en poussant des cris effroyables. Au même instant le héros lui décoche une flèche rapide qui s'enfonce au milieu de sa poitrine et pénètre jusque dans le foie. Eurymaque, en lâchant son épée, chancelle, tombe tout sanglant près de la table, et, dans sa chute, il renverse les mets et les coupes : son front va frapper contre le sol, ses pieds heurtent le siège sur lequel il était assis, la vie l'abandonne, et les ténèbres de la mort couvrent ses yeux. Amphinome, l'épée à la main, se jette aussitôt sur le valeureux Ulysse, et veut le chasser des portes. Tout à coup, Télémaque fond sur lui avec fureur et le frappe par-derrière : sa lance d'airain s'enfonce entre les deux épaules d'Amphinome et lui traverse la poitrine. Le prétendant tombe avec bruit et frappe la terre de son front. Télémaque s'enfuit et laisse sa lance dans le sein de ce jeune prince ; car il craint que l'un des Achéens ne se jette sur lui et ne le perce de son épée tandis qu'il retirera son long javelot de la poitrine d'Amphinome.
L'Odyssée d'Homère, extrait du chant XXII, fin du VIIIème siècle av. J.C.
Remarque : Utilisez les deux extraits pour répondre.
1) Repérez quelques épithètes homériques et expliquez-les.
2) Avec qui Ulysse combat-il les prétendants ?
3) Comment se nomment les trois prétendants qui meurent en premier ? Qui les a tués et comment ?
4) Faites l'inventaire des différentes armes de combat utilisées ou évoquées dans ces deux extraits.
5) Relevez le champ lexical de la violence dans les deux extraits.
6) Selon vous, peut-on considérer Ulysse comme un meurtrier ou comme un héros ? Justifiez.
- Correction (cliquez ici):
Correction des questions sur le texte 4
1) Homère utilise de nombreuses épithètes pour désigner les personnages. Dans ces extraits, nous pouvons relever : « L'ingénieux Ulysse » (l.1) qui rappelle que le héros est rusé, « le puissant Apollon » (l.4-5) qui souligne qu'Apollon est un dieu, et « le valeureux Ulysse » (l.29) qui accentue le courage du héros.
2) Ulysse combat les prétendants avec Télémaque, son fils.
3) Les trois prétendants qui meurent en premier sont Antinoüs, tué par Ulysse à coup de flèche dans dans la « gorge », Eurymaque, tué lui aussi par Ulysse d'un coup de flèche dans la poitrine et le foie, et enfin Amphinome, tué par Télémaque à l'aide d'une lance « entre les deux épaules ».
4) Les armes de combat utilisées ou évoquées dans ces deux extraits sont nombreuses. On trouve « l'arc » et « le carquois rempli de flèches » du côté d'Ulysse ; les « boucliers » et les « lances » que les prétendants n'ont pas ; la « lance » de Télémaque ; et le « glaive » ou l' « épée » d'Eurymaque.
5) De nombreux termes appartiennent au champ lexical de la violence dans les deux extraits. Nous avons par exemple :
- des verbes / participes passés : « s'élance », « le frappe », « traverse le cou », « il repousse », « en la frappant », « tomber », « immolés », « combattre », « tirons », « opposons », « fondons sur lui », « chassons-le », « décoche (une flèche) », « pénètre jusque dans le foie », « ses pieds heurtent »,
- des adjectifs : « lutte terrible », « un trait homicide »
- des expressions : « précipiter Antinoüs dans le sombre empire de la Mort », « tombe à la renverse », « des flots de sang jaillissent de ses narines », « nagent dans le sang », « jamais [il] ne suspendra ses coups », « accabler de flèches », « Tirons nos glaives », « tout sanglant », « la vie l'abandonne », « les ténèbres de la mort couvrent ses yeux »
- des noms : le « trépas » (=mort), « sang », « cris », « fureur »
C'est donc un combat très violent, plein d'actions et de rebondissement, durant lequel le sang coule et les objets sont renversés.
6) Nous pouvons considérer Ulysse à la fois comme un meurtrier et comme un héros.
En effet, c'est tout d'abord visiblement un meurtrier puisqu'il massacre sans aucune pitié les prétendants. En plus, il les attaque en plein banquet, alors qu'ils mangent et boivent. Ils ne sont ni prévenus de l'attaque, ni armés pour se défendre et riposter. Antinoüs « était loin de penser au trépas » et il « allait soulever une belle coupe » pour boire lorsque le roi l'a attaqué. Ce n'est donc pas très honorable de la part d'Ulysse. Télémaque, son fils, va même jusqu'à tuer Amphinome « par-derrière » avant de s'enfuir, ce qui est particulièrement lâche.
Cependant, nous pouvons également le considérer comme un héros puisqu'il est le roi d'Ithaque et qu'il vient tout bonnement reprendre son palais, récupérer son trône et sauver sa femme que les prétendants désiraient conquérir en son absence. A ses yeux, ce sont des traîtres tout juste bons à être éliminés pour la sécurité de son règne et de sa famille. Il est, en quelque sorte, dans son bon droit.
Conclusion du texte 4
Finalement, Ulysse s'avère être un guerrier hors normes, capable de réussir les plus grandes épreuves, comme le défi des haches. C'est également un roi légitime et sans pitié, qui ne peut pas supporter la traîtrise des prétendants de Pénélope, sa femme. Il est prêt à tout pour récupérer son royaume et en assurer la prospérité. Violent, il manque certes de magnanimité, mais il demeure le héros de la grande épopée qu'est l'Odyssée.
Faire preuve de magnanimité / être magnanime = pardonner les plus faibles quand on occupe une haute place dans la société (quand on est roi par exemple).
Conclusion sur Ulysse
Ulysse est donc un meneur d'hommes qui possède un certain charisme et une autorité naturelle, due à ses qualités et à ses origines. C'est un fin stratège qui prend soin de ses hommes, qui tente de les ramener chez eux et de les sauver face aux monstres les plus impitoyables. Grâce à sa ruse, il parvient à franchir les récifs des Sirènes, grâce à son courage il réussit à sauver quelques hommes face à Charybde et Scylla, et enfin grâce à sa force et à sa persévérance, il reprend son trône et élimine les prétendants de sa femme, qui ne sont que des traîtres à ses yeux. C'est un fier soldat de la Guerre de Troie, un chef-né qui sait s'entourer de bons compagnons et enfin un roi ferme et intransigeant qui tient à son royaume.
Être intransigeant = ne laisser passer aucune erreur, n'accepter aucun échec de la part des autres et punir immédiatement.
A noter : L'Odyssée d'Homère a donné le nom commun « une odyssée ». On utilise ce nom pour désigner un voyage éprouvant, pénible, difficile et souvent dangereux.
Par exemple : « J'ai traversé l'Océan Atlantique en canoë, cela a été une véritable odyssée ! »
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