Séance 1 - Le héros antique - A) Achille + impératif

Séance 1 – Le héros antique

Dans cette séance, nous allons observer cinq textes issus d'épopées écrites par Homère et Virgile afin de déterminer ce que ces auteurs entendaient par « héros ».

Problématiques

- Qu'est-ce qu'un héros dans l'Antiquité ?

- Quelles sont les forces et les limites du héros antique ?

→ Nous prendrons les exemples d'Achille, Ulysse et Énée. Mais avant cela, penchons-nous sur la Guerre de Troie...

Rappel : La Guerre de Troie

Avant de lire nos textes, il est nécessaire de faire un petit rappel mythologique...

1) La pomme de la Discorde

Dans la mythologie grecque, Eris, la déesse de la discorde, souhaite se venger de ne pas avoir été invitée aux noces de Pélée et de Thétis. Elle jette alors une pomme d'or au milieu des invités qui porte l'inscription « Pour la plus belle ». Les déesses se disputent la pomme. Pâris, un Troyen (de Troie), est choisi par les dieux pour servir de juge. Il choisit Aphrodite qui lui promet l'amour « de la plus belle des mortelle », c'est-à-dire Hélène.

Note : Nous parlons de la cité de Troie et non pas de Troyes dans la région Grand-Est ! Attention à l'orthographe !

2) La belle Hélène

Hélène est la femme de Ménélas et la reine de Sparte. Certain d'obtenir son amour, Pâris décide de l'enlever et de la ramener à Troie. Utilisant ce prétexte, Ménélas soulève son armée avec l'aide de son frère Agamemnon afin de conquérir la cité troyenne. Cette guerre durera dix ans.

3) La Guerre de Troie dans l'Iliade d'Homère

Au VIIIème siècle avant J.C., le poète Homère décide de raconter une cinquantaine de jours de la dixième année de la guerre de Troie. Puisqu'à l'époque cette cité s'appelait Ilion, il nomme son œuvre l'Iliade.
Dans l'Iliade, le prince troyen Hector vient de tuer Patrocle, un grand ami et cousin d'Achille. Le poème se concentre sur la colère d'Achille et sa vengeance. Achille tue Hector, puis restitue son corps à son père Priam. La défaite de Troie grâce au stratagème du cheval, inventé par Ulysse, est rapportée dans l'Odyssée, une autre œuvre d'Homère, et dans l’Énéide de Virgile. Nous évoquerons ces deux œuvres un peu plus tard.

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Homère : l'aède légendaire

Grand poète de l'Antiquité, Homère aurait vécu à la fin du VIIIème siècle av. J.C. Mais nul ne sait s'il a réellement existé.
Il aurait écrit l'Iliade, qui raconte la 10ème année de la Guerre de Troie et la colère d'Achille, ainsi que l'Odyssée, qui raconte le périple d'Ulysse pour rentrer à Ithaque après cette même guerre.
On le disait aveugle, mais peut-être n'est-ce qu'une légende.

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Portrait imaginaire d'Homère

2e siècle après J.-C., d'après un original grec créé vers 150 avant J.-C.

C'était un aède, c'est-à-dire un poète qui chantait des épopées en jouant un instrument de musique. C'était l'ancêtre du ménestrel médiéval !

→ Une épopée est un long poème en vers qui chante (surtout oralement) les exploits de héros mythiques ou historiques, usant du registre épique et mettant en valeur un grand sentiment collectif. Ce terme vient du grec epos qui signifie « parole » et de poein qui signifie « composer ».

A) Achille

Texte 1 – Homère, L'Iliade, « Achille face aux dieux », VIIIème siècle av. J.C.

→ Lisez le texte suivant :

Appelé par Agamemnon pour prêter main forte à Ménélas face à Troie, Achille refuse de se battre. Pour lui, la Guerre de Troie ne le concerne pas. Cependant, lorsque son cousin Patrocle est tué par le prince troyen Hector lors de la dixième année de guerre, Achille prend les armes et se dirige vers la cité bien décidé à le venger. Sur la rive, le dieu-fleuve Scamandre, qui soutient les troyens, tente de l’arrêter...

Puis Achille sauta de la berge au milieu du fleuve. Mais le fleuve se gonfla, furieux. Il soulevait toutes ses eaux ; les cadavres sans nombre qui encombraient son lit , il les rejetait sur la terre en mugissant comme un taureau. Les vivants, il les sauvait en les cachant dans ses profonds tourbillons. Le flot tumultueux se levait, terrible, autour d’Achille et le courant se pressait contre son bouclier. Le héros chancelait sur ses pieds. Alors il agrippa de ses mains un grand orme qui s’écroula, déraciné, emportant toute la berge. De ses branches serrées, l’arbre arrêta le courant et fit un pont sur le fleuve. Achille, sortant de l’eau, s’élança dans la plaine, effrayé. Mais le grand dieu ne s’arrêtait pas : il s’élança vers lui pour mettre fin à l’œuvre du divin Achille et éloigner le malheur des troyens.

Le fils de Pélée bondissait, aussi vif que l’aigle noir, l’aigle chasseur, le plus fort et le plus rapide des oiseaux. Le bronze résonnait terriblement sur sa poitrine. Il se dérobait mais le fleuve le poursuivait dans un fracas énorme. Le flot pressait Achille, si rapide qu’il fût ; les dieux sont plus forts que les hommes. Chaque fois qu’Achille voulait s’arrêter, se retourner pour savoir si ce n’étaient pas tous les Immortels qui le poursuivaient, le flot puissant du fleuve s’abattait sur ses épaules. Chaque fois, il repartait d’un bond. La plaine tout entière était inondée ; de belles armes, des cadavres flottaient en nombre. Mais la colère du Scamandre ne cessait de grandir ; il dressait ses eaux contre le fils de Pélée.

Alors Héra poussa un grand cri : elle craignait que le grand fleuve aux profonds tourbillons n’engloutît Achille. Vite, elle appela son fils Héphaïstos :

- Va, boiteux, mon fils ! Affronte le Xanthe tourbillonnant. Allume tes innombrables flammes. Brûle tous les arbres sur les berges du Xanthe ; lui-même, livre-le au feu et ne cède ni à ses flatteries, ni à ses menaces. Ne calme pas ton ardeur avant que ne te l’aie demandé.

Homère, L’Iliade, VIIIe siècle avant JC.

Vocabulaire

- Orme = sorte d’arbre
- Le grand dieu = ici le dieu-fleuve Scamandre
- Le fils de Pélée = Achille
- Le bronze = le bouclier d’Achille

- Les Immortels = les dieux
- Scamandre = nom du fleuve-dieu
- Héra = femme de Zeus. Dans la guerre de Troie, elle soutient les grecs.
- Héphaïstos = dieu forgeron, fils de Zeus et Héra. Il est très laid et boiteux.
- Xanthe = autre du nom du Scamandre
- Ardeur = vigueur que l’on apporte à faire quelque chose

→ Répondez aux questions suivantes en faisant des citations si possible :

1) Pourquoi le narrateur appelle-t-il le héros « le divin Achille » ? Faites une recherche sur les origines d'Achille (père, mère) et présentez-le en quelques lignes.

2) Dans le premier paragraphe, quelle(s) expression(s) montre(nt) les difficultés d'Achille ? Le héros semble-t-il en danger ?

3) Relevez au moins deux comparaisons et expliquez leur intérêt.

4) Quel effet produit la répétition de l'expression « chaque fois » ? Quelle qualité d'Achille est mise en avant ?

5) Relevez les verbes d'action et expliquez en quoi cette scène est bien celle d'un combat.

6) Relevez les mots et expressions qui montrent la puissance du dieu-fleuve. Qui, d'Achille ou du dieu-fleuve, est le plus fort ?

7) A quel mode sont les verbes employés par Héra lorsqu'elle s'adresse à son fils Héphaïstos ? Que pouvez-vous en déduire sur le personnage d'Héra (caractère) ?

8 ) Selon vous, Achille peut-il s'en sortir sans l'intervention des dieux ?

9) Connaissez-vous d'autres limites d'Achille ?

→ Observez cette peinture de Runge (Philipp Otto) datée entre 1799 et 1810.

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1) Qui sont les personnages représentés ? Justifiez.

2) Observez la position des personnages : que pouvons-nous en dire ?

Correction (cliquez ici):

Conclusion

Finalement, Achille ne peut pas toujours agir comme bon lui semble : il est régi par les dieux, comme la plupart des héros de l'Antiquité, et doit leur obéir ou les affronter. Il est en réalité l'objet des dieux. Certains l'utilisent comme instrument et le soutiennent, d'autres tentent de le tuer.
Le héros antique possède donc souvent des forces extraordinaires mais il a également ses limites, souvent imposées par les dieux.

Notions à retenir

a) L'épithète homérique

Dans ses épopées, Homère joint souvent à ses héros des épithètes pour les caractériser. C'est généralement un adjectif qualificatif ou un participe passé qui est collé au nom. Parfois, c'est aussi une forme avec un pronom. Comme c'est Homère qui en a beaucoup utilisées dans l'Antiquité, on les a nommées les « épithètes homériques ».

Exemples : le divin Achille / la divine Circée / Ulysse au grand cœur / Ulysse aux mille ruses / Achille aux pieds légers / Athéna aux yeux pers (bleu-vert) / Ulysse fils de Laërte...

b) L'impératif (rappel)

Héra s'adresse à Héphaïstos, son fils, à l'impératif présent. Il est temps de réviser ce mode.

Conjugaison

L'impératif ne se conjugue qu'à trois personnes : à la 2ème personne du singulier et aux 1ère et 2ème personnes du pluriel. Cependant, il s'emploie sans les pronoms personnels.

Il possède les mêmes terminaisons que celles du présent de l'indicatif, sans le « s » à la deuxième personne du singulier pour les verbes du premier groupe (-er) et le verbe aller.

Exemples : Mange, mangeons, mangez. / Va, allons, allez / Cours, courons, courez

Valeurs

Les valeurs de l'impératif sont simples : on l'emploie pour exprimer un ordre, un conseil, une prière, un souhait, une recommandation.

Exemples :
Va chercher le courrier s'il te plaît. (ordre poli)
Allons manger tous ensemble ! (suggestion / souhait)
Faites que mon enfant réussisse à l'école ! (prière / souhait)

Exercices

1) Conjuguez à l'impératif présent les verbes : devoir, avoir, faire, compter, dormir, rentrer, prendre.

2) Dans cette recette, relevez les verbes à l'impératif présent. Puis, réécrivez-la en et conjuguant les verbes à la 2ème personne du singulier.

Cassez 3 œufs et battez-les en neige pour qu'ils soient mousseux.
Incorporez à leur mousse un jus d'orange.
Versez-y du lait de coco. Évitez de déborder.
Dans le moule, mettez de la pâte à flan.
Écrasez les côtés pour faire des vaguelettes.
Ajoutez les abricots et vérifiez qu'il n'y ait plus de noyaux.
Lancez le four à 180°C et attendez un bon quart d'heure.
Voilà, c'est prêt, goûtez !

3) A l'impératif présent, écrivez « la recette » pour devenir un bon héros. (2ème pers. du sing.)
Vous ne devez jamais utiliser deux fois le même verbe. Soyez malins ! Au moins 10 verbes.

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