Séance 1 - Victor Hugo, sa vie, son époque et son oeuvre
Mar 16 Juin - 10:04
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Individu et société : confrontation de valeurs ?
Séquence V – Un roman du XIXème siècle : Les Misérables
Dans cette séquence, nous allons étudier un des romans majeurs de Victor Hugo : Les Misérables. Pour cela, nous verrons d'abord sa biographie, puis nous analyserons les extraits les plus importants du roman.
Problématique : Les valeurs qu’incarne le personnage sont-elles celles de l’auteur, de son époque ?
Séance 1 – Victor Hugo, son époque et son œuvre
A) Biographie de Victor Hugo
→ Faisons une fiche sur Victor Hugo ! Pour cela, cherchez les renseignements suivants sur cet auteur en utilisant un dictionnaire des noms propres, un livre sur la littérature ou Internet :
Vie
- Dates de naissance et de décès ?
- Où est-il enterré ? Pourquoi ce lieu est-il si célèbre ?
Famille
- Métier de son père sous les ordres de qui ?
- Nom de sa femme et de ses enfants ?
Drame familial
- Quel événement familial dramatique affecte Victor Hugo ?
Rôle politique
- Quel rôle politique a-t-il eu ?
Injustices qu'il dénonce
- Quelles injustices dénonce-t-il ?
Exil
- Pourquoi a-t-il dû s’exiler et où ?
Oeuvres
- Citez des œuvres de Hugo très célèbres (2 romans ; 2 pièce de théâtre ; 2 recueils de poésie ; 1 discours célèbre).
- Correction (cliquer ici):
Correction de la biographie de Victor Hugo
Vie : Victor Hugo est né en 1802 et mort en1885. Il est enterré au Panthéon, lieu très célèbre puisqu’il renferme les tombeaux d’hommes et femmes illustres.
Famille : Son père était Général d’Empire sous les ordres de Napoléon. Sa femme se nomme Adèle Foucher. Ils auront cinq enfants : Léopold, Léopoldine, Charles, François et Adèle.
Drame familial : Victor Hugo a été très affecté par la mort de sa fille Léopoldine qui se noie dans la Seine avec son mari le 04 septembre 1843. La barque avec laquelle ils se promenaient s'est retournée. Ils avaient 19 ans.
Rôle politique : Il est élu député de Paris de 1848 à 1851 puis en 1871. Il devient sénateur en 1876.
Injustices qu'il dénonce : Il dénonce entre autres la misère du peuple, la peine de mort, l’exploitation des enfants au travail...
Son exil : Il doit s’exiler car il a appelé à se révolter contre le régime autoritaire de Napoléon III. Il s’exile d’abord à Bruxelles en Belgique puis dans les îles de Jersey et Guernesey.
Oeuvres
2 romans : Notre-Dame de Paris ; Les Misérables
2 pièces de théâtre : Hernani ; Ruy Blas
2 recueils de poésie : Les Contemplations ; Les Châtiments
1 discours célèbre : Plaidoyer contre la peine de mort
B) L'époque de Hugo : le XIXème siècle
a) D'un régime à l'autre
Au XIXème siècle, la Révolution française et ses aspirations républicaines sont remises en question par l'instauration de l'empire puis par le rétablissement de la monarchie. La démocratie est toujours soutenue par le peuple, ce qui instaure des pressions sur le gouvernement.
Lorsque le roi Charles X voulut renforcer le pouvoir royal, la population parisienne se révolta et l'obligea à abdiquer en 1830. Louis-Philippe lui succéda et s'appuya davantage sur la bourgeoisie et les symboles républicains (il choisit le drapeau bleu, blanc et rouge et se fit nomme « roi des Français »).
Mais la misère poussa les ouvriers républicains à de nouvelles révoltes :
- élévation de barricade en 1832 et 1834
- révolte en 1848 et abdication de Louis-Philippe
- début de la Seconde République
C'est donc dans un climat politiquement très instable que le XIXème siècle évolue.
b) Les conditions sociales
Au cours de ce siècle, le développement de l'industrie entraîna une prospérité économique qui enrichit la bourgeoisie mais qui profita peu aux ouvriers. Les hommes, mais aussi les femmes et même les enfants, effectuaient un travail souvent très pénible (jusqu'à 15h par jour) pour un salaire misérable, et vivaient dans des logements insalubres.
Il faut savoir que les enfants étaient à l'époque très exploités, notamment dans les usines (briqueteries, textile) ou dans les chantiers et les mines de charbon où leur petite taille était très pratique. Pendant que les enfants des bourgeois apprenaient à lire, à écrire, à jouer du piano et du violon, ceux des ouvriers peinaient à la tâche...
Poussés par la misère, les ouvriers se révoltent et s'organisèrent pour réclamer des salaires plus justes et de meilleures conditions de travail et de vie. Les mesures ne vinrent que très tard. Ce n'est qu'en 1841 qu'une loi limita la durée du travail des enfants (8h pour les 8-12 ans et 12h pour les 12-16 ans). En 1864, le droit de grève est enfin acquis.
C) L'engagement de Victor Hugo
a) Les injustices et les enfants
Dans ce contexte, Victor Hugo, qui est un républicain très attaché aux progrès de l'humanité, se préoccupe des injustices sociales et de tout ce qui fonde la dignité humaine. Il s'insurge notamment au sujet de la misère des enfants et l'exprime avec émotions dans son poème « Melancholia ».
→ Lisez le poème et répondez aux questions qui l'accompagnent.
Melancholia
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « Petits comme nous sommes,
Notre Père, voyez ce que nous font les hommes ! »
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait — c'est là son fruit le plus certain —
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? Que veut-il ? »
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
V.Hugo, Les Comtemplations, « Melancholia », 1856.
Questions
1) Relevez les GN qui désignent les enfants : à quoi Hugo les compare-t-il ?
2) Relevez une personnification. A quoi sert-elle ?
3) D'après le poète, qu'est-ce que le travail fait aux enfants ?
4) Que réclame Hugo ?
- Correction (cliquer ici):
Correction des questions sur le poème « Melancholia »
1) Hugo désigne les enfants par « Ces doux êtres pensifs » (v.2) « Ces filles de huit ans » (v.3) « Innocents dans un bagne » et « anges dans un enfer » (v.9). Il les compare à des « anges » pour mettre en avant leur innocence et leur douceur. Ils sont parfois très jeunes, « huit ans », et font pitié.
2) Le poète personnifie « une machine sombre » (v.7) en l'appelant « monstre hideux » (v.8 ), ce qui la rend vivante et terrifiante, en lui donnant une mâchoire puisqu'elle a des « dents » (v.8 ) et qu'elle « mâche on ne sait quoi dans l'ombre » (v.8 ). Il fait ainsi de la machine utilisée au travail un véritable monstre capable de dévorer les enfants qui leur sont sacrifiés. Pour Hugo, chaque enfant est comme « Une âme » donnée « à la machine » (v.28 ).
3) D'après le poète, le travail empêche les enfants de rire et de jouer : « pas un seul ne rit » (v.1), « jamais on ne joue » (v.11), donc de profiter de la vie. Il les empêche d'avoir une bonne santé et de grandir : « la fièvre [les] maigrit » (v.2) et provoque même des problèmes de « rachitisme » (v.18 ). Il ne leur permet ni une bonne hygiène ni le repos : leur peau est d'une grande « pâleur » (v.12) à cause de la fatigue, « la cendre est sur leur joue » (v.12) parce qu'ils travaillent dans des endroits sales comme les mines, « Jamais on ne s'arrête » (v.11), ils sont « bien las » (v.13). Ils travaillent donc beaucoup trop et cela les « brise » (v.27). Hugo insiste sur l'idée que les enfants sont asservis comme des esclaves et qu'« Ils ne comprennent rien à leur destin » (v.14). Ils sont utilisés comme des « outil[s] » (v.25).
4) A travers ce poème, Hugo demande à la société d'avoir plus de cœur pour les enfants et de cesser de les exploiter à ce point. Il souhaite que les enfants retrouvent le sourire et la sécurité qu'ils n'ont plus. Privés de repos, de jeux, d'école et de réelles relations avec leur famille, les enfants ne pourront jamais se développer correctement et surtout avoir accès au bonheur. Il veut que le « Progrès » ne soit pas une excuse pour « produire la richesse en créant la misère » (v.24). Les deux derniers vers de son poème réclament concrètement un « [/size][/font][/color]vrai travail, sain, fécond, généreux, / Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux ! », c'est-à-dire la transformation du système du travail de son époque et des lois pour protéger les enfants. Il ne veut pas que la société continue d'exploiter les miséreux en les maltraitant.
b) Les Misérables
→ Dossier-découverte p.46-47 du manuel.
En 1862, Victor Hugo écrit l'un de ses plus grands romans : Les Misérables.
Analyse du titre
« Misérable » vient du latin miserabilis qui signifie « touchant, triste, déplorable » dérivé du verbe miserari « avoir pitié ».
« Misérable » signifie :
1. Qui inspire la pitié
2. D'une extrême pauvreté
3. Qui inspire le mépris, sans valeur
4. Qui provoque l'indignation
Le titre du roman est au pluriel, cela suggère que l'auteur va mettre en scène plusieurs personnages que l'on peut qualifier de misérables.
Informations sur le contenu
Dans ce roman, l'auteur s'attarde en effet sur la vie de pauvres gens dans Paris et en province à son époque. On suit surtout l'histoire de Jean Valjean, un homme qui sort tout juste du bagne (prison) après y avoir passé dix-neuf ans pour avoir volé un pain et avoir tenté deux fois de s'échapper. Son histoire croise celle de personnages emblématiques comme Fantine et sa fille Cosette qui se trouvent dans la misère extrême, l'inspecteur Javert qui pourchasse Jean Valjean, le beau Marius, le petit Gavroche...
C'est un roman philosophique, historique et social qui est marqué par l'opinion de l'auteur au sujet de la nature humaine, par ses idéaux et également par son appartenance au Romantisme. L'auteur rappelle à ses contemporains, et surtout aux bourgeois, que la misère et les injustices existent et qu'il ne faut pas les laisser continuer.
→ Nous allons étudier des extraits de ce roman en nous concentrant à chaque fois sur un personnage précis.
→ Pour mieux comprendre voici un résumé illustré de gravures issues de l'édition Hetzel de 1865.
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