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Séance 2 - Jean Valjean Empty Séance 2 - Jean Valjean

Mar 16 Juin - 16:34
Séance 2 : Jean Valjean

Dans cette séance, nous allons observer l'évolution du personnage principal des Misérables. Nous lirons deux extraits : « Jean Valjean avant le bagne » et « Jean Valjean chez l’évêque de Digne ».

Remarque : Dans ce cours, nous abrégerons parfois « Jean Valjean » en J.V.


A) Texte 1 - « Jean Valjean avant le bagne »

→ Lisez le texte « Jean Valjean avant le bagne »

Texte 1 « Jean Valjean avant le bagne »

Jean Valjean était d'une pauvre famille de paysans de la Brie. Dans son enfance, il n'avait pas appris à lire. Quand il eut l’âge d’homme, il était émondeur à Faverolles. […] Jean Valjean était d’un caractère pensif sans être triste, ce qui est le propre des natures affectueuses.

Somme toute, pourtant, c’était quelque chose d’assez endormi et d’assez insignifiant, en apparence du moins, que ce Jean Valjean. Il avait perdu en très bas âge son père et sa mère.
Sa sœur l’avait élevé et, tant qu'elle eut son mari, elle logea et nourrit son jeune frère. Le mari mourut. L'aîné des sept enfants avait huit ans, le dernier un an. Jean Valjean venait d'atteindre, lui, sa vingt-cinquième année. Il remplaça le père, et soutint à son tour sa sœur qui l'avait élevé.
Sa jeunesse se dépensait ainsi dans un travail rude et mal payé. On ne lui avait jamais connu de « bonne amie » dans le pays. Il n'avait pas eu le temps d'être amoureux. […]

Le soir il rentrait fatigué et mangeait sa soupe sans dire un mot. Sa sœur, pendant qu'il mangeait, lui prenait souvent dans son écuelle le meilleur de son repas, le morceau de viande, la tranche de lard, le cœur de chou, pour le donner à quelqu'un de ses enfants ; lui, mangeant toujours, penché sur la table, presque la tête dans sa soupe, ses longs cheveux tombant autour de son écuelle et cachant ses yeux, avait l'air de ne rien voir et laissait faire. […]

Il arriva qu'un hiver fut rude. Jean n'eut pas d'ouvrage. La famille n'eut pas de pain. Pas de pain. A la lettre. Sept enfants !

Un dimanche soir, Maubert Isabeau, boulanger sur la place de l'Eglise, à Faverolles, se disposait à se coucher, lorsqu'il entendit un coup violent dans la devanture grillée et vitrée de sa boutique.
Il arriva à temps pour voir un bras passé à travers un trou fait d'un coup de poing dans la grille et dans la vitre. Le bras saisit un pain et l'emporta. Isabeau sortit en hâte ; le voleur s'enfuyait à toutes jambes ; Isabeau courut après lui et l'arrêta. Le voleur avait jeté le pain, mais il avait encore le bras ensanglanté. C'était Jean Valjean.

Ceci se passait en 1795. Jean Valjean fut traduit devant les tribunaux du temps « pour vol avec effraction la nuit dans une maison habitée ».
Il fut déclaré coupable [… et ] condamné à cinq ans de galères.

[Comme il essaya quatre fois de s’évader, sa peine fut prolongée quatre fois et il resta au bagne dix-neuf ans.]


→ Répondez aux questions suivantes en faisant des citations si possible :

1) Présentez la situation familiale de Jean Valjean au moment de son arrestation.

2) Caractérisez le mode de vie de Jean Valjean avant le vol du pain : domicile, métier, milieu social.

3) Dans quelles circonstances a eu lieu le vol du pain  ? (où  ? quand  ? pourquoi  ?)

4) Quelles sont les conséquences de cet acte ?

5) Le physique de Jean Valjean est-il décrit ?

6) Cet homme a-t-il l’allure d’un héros ? Pourquoi ?

→ Prenez la correction et la conclusion.

Correction (cliquer ici):

Conclusion : Le portrait d'un homme banal 

Jean Valjean est un orphelin, célibataire, sans argent, qui fait des petits boulots et vit avec sa sœur et ses sept enfants. C'est un homme banal qui a simplement tout d'un misérable. Lorsqu'il vole, c'est par nécessité, ce n'est donc pas quelqu'un que l'on peut qualifier de « mauvais ».
Pour qu'un personnage banal devienne un héros, il lui faut affronter des événements particuliers ; une histoire n'existe que s'il y a des difficultés à surmonter. Ainsi, si la condamnation au bagne est terrible, c'est aussi grâce à cela que Jean Valjean va se dépasser, réaliser de grandes choses et finalement devenir quelqu'un de bien par la suite. Mais cela, nous le verrons plus tard...



B) Texte 2 - « Jean Valjean chez l'évêque de Digne » partie 1


→ Lisez les trois premiers paragraphes de la page 1 du texte « Jean Valjean chez l'évêque de Digne »

Partie 1

Dans les premiers jours du mois d'octobre 1815, une heure environ avant le coucher du soleil, un homme qui voyageait à pied entrait dans la petite ville de Digne. Il était difficile de rencontrer un passant d'un aspect plus misérable.

C'était un homme de moyenne taille, trapu et robuste, dans la force de l'âge. Il pouvait avoir quarante-six ou quarante-huit ans. Une casquette à visière de cuir rabattue cachait en partie son visage brûlé par le soleil et le hâle et ruisselant de sueur. Sa chemise de grosse toile jaune, rattachée au col par une petite ancre d'argent, laissait voir sa poitrine velue ; il avait une cravate tordue en corde, un pantalon bleu, usé et râpé, blanc à un genou, troué à l'autre, une vieille blouse grise en haillons, rapiécée à l'un des coudes d'un morceau de drap vert cousu avec de la ficelle, à la main un énorme bâton noueux, les pieds sans bas dans des souliers ferrés, la tête tondue et la barbe longue.

La sueur, la chaleur, le voyage à pied, la poussière, ajoutaient je ne sais quoi de sordide à cet ensemble délabré. […]

Ce soir là, M. l’évêque de Digne travaillait encore dans sa chambre, quand Mme Magloire entra, selon son habitude, pour prendre l’argenterie dans le placard près du lit. Un moment après, l’évêque, sentant que le couvert était mis et que sa sœur l’attendait peut-être, ferma son livre, se leva de sa table et entra dans la salle à manger. En ce moment, on frappa à la porte un coup assez violent.

- Entrez, dit l’évêque.
La porte s’ouvrit, un homme entra. L'évêque fixait sur l'homme un œil tranquille.

Comme il ouvrait la bouche, sans doute pour demander au nouveau venu ce qu'il désirait, l'homme appuya ses deux mains à la fois sur son bâton, promena ses yeux tour à tour sur le vieillard et les femmes, et, sans attendre que l'évêque parlât, dit d'une voix haute :

- Voici. Je m'appelle Jean Valjean. Je suis un galérien. J'ai passé dix-neuf ans au bagne. Je suis libéré depuis quatre jours et en route pour Pontarlier qui est ma destination. Quatre jours et que je marche depuis Toulon. Aujourd'hui, j'ai fait douze lieues à pied. Ce soir, en arrivant dans ce pays, j'ai été dans une auberge, on m'a renvoyé à cause de mon passeport jaune que j'avais montré à la mairie. Il avait fallu. J'ai été à une autre auberge. On m'a dit : Va-t-en ! Chez l'un, chez l'autre.

Personne n'a voulu de moi. J'ai été à la prison, le guichetier n'a pas ouvert. J'ai été dans la niche d'un chien. Ce chien m'a mordu et m'a chassé, comme s'il avait été un homme. On aurait dit qu'il savait qui j'étais. Je m'en suis allé dans les champs pour coucher à la belle étoile. Il n'y avait pas d'étoile.

J'ai pensé qu'il pleuvrait, et qu'il n'y avait pas de bon Dieu pour empêcher de pleuvoir, et je suis rentré dans la ville pour y trouver le renfoncement d'une porte. Là, dans la place, j'allais me coucher sur une pierre. Une bonne femme m'a montré votre maison et m'a dit : Frappe là. J'ai frappé. Qu'est-ce que c'est ici ? Êtes-vous une auberge ? J'ai de l'argent. Cent neuf francs quinze sous que j'ai gagnés au bagne par mon travail en dix-neuf ans. Je payerai. Je suis très fatigué, douze lieues à pied, j'ai bien faim. Voulez-vous que je reste ?

- Madame Magloire, dit l'évêque, vous mettrez un couvert de plus.
L'homme fit trois pas et s'approcha de la lampe qui était sur la table.
Répondez aux questions suivantes en faisant des citations si possible :

1) Relevez les termes qui désignent Jean Valjean. Que remarquez-vous ?

2) Relevez les éléments physiques décrits, les éléments vestimentaires décrits et les adjectifs ou participes passés qui les qualifient. (faites un code couleur pour surligner sur le texte).
→ Ces éléments sont-ils mélioratifs ou péjoratifs ?

3) Par qui est décrit l'inconnu ?

4) Ce portrait en mouvement est-il finalement péjoratif ou mélioratif ? J.V. est-il encore vraiment un homme après dix-neuf ans de bagne ?  

5) Dans quel(s) but(s) le narrateur présente-t-il J.V. de cette façon ?

→ Prenez la correction et la conclusion.

Correction (cliquer ici):

Conclusion : Le portrait d'un bagnard

C’est un portrait en mouvement puisque l'inconnu est décrit en train de marcher. C'est pour cela que les regards différents du narrateur et des habitants interviennent pour le décrire. Des modalisateurs comme « il pouvait avoir ; je ne sais quoi » servent à formuler des suppositions sur lui. Les champs lexicaux insistent sur sa misère et son apparence physique qui peuvent faire peur.   J. V. est présenté comme n'étant plus vraiment un homme puisqu’il est « délabré » et « sordide », conséquence de dix-neuf ans de bagne. L'objectif principal est donc d'apitoyer le lecteur et de le pousser à s'attacher à ce personnage qui sera capital pour la suite du roman.



C) Texte 3 - « Jean Valjean chez l'évêque de Digne » partie 2

→ Lisez la suite du texte « Jean Valjean chez l'évêque de Digne » (de « – Tenez », page 2, jusqu’à la fin du passage)


Partie 2

- Tenez, reprit-il, comme s'il n'avait pas bien compris, ce n'est pas ça. Avez-vous entendu ? Je suis un galérien. Un forçat. Je viens des galères. Il tira de sa poche une grande feuille de papier jaune qu'il déplia.

- Voilà mon passeport. Jaune, comme vous voyez. Cela sert à me faire chasser de partout où je suis. Voulez-vous lire ? Je sais lire, moi. J'ai appris au bagne. Il y a une école pour ceux qui veulent. Tenez, voilà ce qu'on a mis sur le passeport: « Jean Valjean, forçat libéré, natif de... – cela vous est égal...

- Est resté dix-neuf ans au bagne. Cinq ans pour vol avec effraction. Quatorze ans pour avoir tenté de s'évader quatre fois. Cet homme est très dangereux.» 

- Voilà ! Tout le monde m'a jeté dehors. Voulez-vous me recevoir, vous ? Est-ce une auberge ? Voulez-vous me donner à manger et à coucher Avez-vous une écurie ?

- Madame Magloire, dit l'évêque, vous mettrez des draps blancs au lit de l'alcôve.

Ici l'homme comprit tout à fait. Il se mit à balbutier comme un homme fou :

- Vrai ? Quoi ? Vous me gardez ? Vous ne me chassez pas ! Un forçat ! Vous m'appelez monsieur Vous ne me tutoyez pas ! Va-t-en, chien ! Qu’on me dit toujours. Je croyais bien que vous me chasseriez. Je vais souper ! Un lit ! Un lit avec des matelas et des draps ! Comme tout le monde ! Il y a dix-neuf ans que je n'ai couché dans un lit ! Vous voulez bien que je ne m'en aille pas ! Vous êtes de dignes gens ! D'ailleurs j'ai de l'argent. Je payerai bien. Pardon, monsieur l'aubergiste, comment vous appelez-vous ? Je payerai tout ce qu'on voudra. Vous êtes un brave homme. Vous êtes aubergiste, n'est-ce pas ?

- Je suis, dit l'évêque, un prêtre qui demeure ici.
Résumé de la suite : Jean Valjean, en pleine nuit, vole l’argenterie du « prêtre » et s’enfuit. Arrêté par les gendarmes, ramené chez l’évêque, il n’apprend qu’à ce moment-là que ce prêtre est l’évêque de Digne. A sa grande surprise, celui-ci déclare aux gendarmes qu’il avait donné l’argenterie à JV. Il lui offre en plus deux chandeliers en argent en échange de son âme et la promesse de faire le bien désormais.
→ Répondez aux questions suivantes en faisant des citations si possible :

Rappel :
- être objectif, c'est rester neutre, sans jugement, en restant dans la simple description.
- être subjectif, c'est donner son opinion, juger.

1) Relevez ce que dit J. V. sur lui-même.  Est-ce un portrait objectif et/ou subjectif qu'il fait de lui-même ?

2) Relevez ce que dit l'administration pénitentiaire sur J.V.. Est-ce objectif ou subjectif ?

3) Quel accueil lui réserve Monseigneur Myriel ?

4) Expliquez en quoi ces différences de point vue peuvent influer sur une vie comme celle de Jean Valjean.

→ Prenez la correction et la conclusion.

Correction (cliquer ici):

Conclusion : Le portrait de Jean Valjean par lui-même

Dans cet extrait, le narrateur présente trois points de vue sur le même personnage. 

Tout d'abord, celui de J.V. sur lui-même qui est objectif : c'est un bagnard libéré après 19 ans de prison. Il met simplement en avant une qualité, celle d’avoir appris à lire au bagne, et insiste sur les conséquences du passeport jaune qu'il est obligé de montrer à la mairie de tout endroit où il loge.
Ensuite, le point de vue de l’administration pénitentiaire qui délivre le passeport jaune est très subjectif et dévalorisant : elle le considère comme « très dangereux », ce qui le condamne à être chassé de partout alors qu’il a payé sa dette à la société. 
Enfin, un homme lui rend sa dignité humaine, Monseigneur Myriel, évêque de Digne, qui lui offre repas et lit aux draps blancs, sans le juger.



Conclusion de la séance 2

Jean Valjean, repoussé par la société et profondément marqué par l’injustice, aurait pu ne pas s’en sortir puisqu’il vole l’argenterie de l’évêque. Mais la bonté de dernier, sa bienveillance et sa profonde humanité vont faire réfléchir Jean Valjean qui oscillera entre le mal (il volera ensuite une pièce à un jeune ramoneur) et le bien vers lequel il se tournera définitivement comme nous allons le voir à travers le portrait de M. Madeleine.

Ce sont ces idéaux que Victor Hugo mettait en avant, persuadé que l’homme qui s’est détourné du droit chemin pouvait se racheter si on savait lui tendre la main.
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