Séance 3 - Les contes des Mille et Une Nuits
Dim 14 Juin - 15:43
Séance 3 – Les Contes des Mille et Une Nuits
Dans cette séance, nous allons évoquer les contes des Mille et Une Nuits. Pour cela, nous allons utiliser le dossier p.134-135 de votre manuel ainsi que quelques textes extraits du recueil.
Votre manuel est disponible en ligne ici : https://fr.calameo.com/read/0048229539175944afc84
Introduction
A) Découvrir l'oeuvre
→ Observez la partie A p.134-135 du manuel et répondez aux questions qui l'accompagnent.
Vous avez trois documents à analyser : un texte sur l'histoire de ces contes, une frise chronologique et un extrait des Mille et Une Nuits.
1) Existe-t-il une seule version des contes des Mille et Une Nuits ? Expliquez.
2) a) Quel est le nom de la conteuse ?
b) Pour quelle raison raconte-t-elle une histoire ?
c) Quelles sont les qualités de la jeune femme ?
3) Quel rôle la parole joue-t-elle dans les contes des Mille et Une Nuits ?
- Correction (cliquer ici):
Correction des questions p.134
1) Il existe de nombreuses versions des contes des Mille et Une Nuits car ce sont tout d'abord des récits « écrits et oraux », donc souvent transmis sans forme, et modifiés, volontairement ou non, par ceux qui les ont racontés ou mis à l'écrit.
Ensuite, ce sont des contes qui viennent de divers endroits comme l'Inde, la Perse et les pays arabes, ce qui les rend très hétéroclites (diversifiés).
Enfin, ils ont été traduits, notamment en Europe, complétés par d'autres contes au fil du temps, mais aussi adaptés dans des illustrations, en musique, en danse et même au cinéma.
Tout ceci donne de ces contes mille et une versions...
2) a) La conteuse se nomme Shéhérazade (narratrice fictive), la fille du grand Vizir (conseiller du Sultan).
b) Elle raconte des histoires au Sultan Sharyar car il compte l'épouser et la faire tuer à l'aube, comme toutes les précédentes. Ainsi, après avoir conté toute la nuit, elle obtient au petit jour un « sursis » puisque le Sultan veut entendre la suite de ses histoires.
c) La jeune femme est maligne, puisqu'elle sait parfaitement comment gagner du temps. Elle sait très bien raconter des histoires et manie le suspens avec brio. On dit même d'elle qu'elle est « savante et cultivée ».
3) La parole joue un grand rôle dans les contes des Mille et Une Nuits sur deux plans :
- dans la réalité, puisque c'est un recueil qui rassemble surtout des comptes oraux qui se transmettaient de génération en génération
- dans la fiction, puisque Shéhérazade charme le sultan grâce aux récits qu'elle raconte et évite ainsi la mort.
→ Observez les deux illustrations que l'on vous propose dans votre manuel p.135 et répondez aux questions suivantes. Chaque question porte sur les deux illustrations en même temps.
1) Que pensez-vous du décor ? Est-ce un lieu populaire (du peuple) ou de la noblesse ? Justifiez.
2) Les personnages discutent. Comment le voyons-nous ?
3) Observez le sultan : que remarquez-vous concernant ses gestes ? Qu'est-ce que cela indique ?
4) Savez-vous comment on appelle le « chapeau » que porte le sultan ?
- Correction (cliquer ici):
Correction des questions sur les illustrations
1) Dans les deux illustrations, le décor présente l'intérieur d'un palais et une vue sur des jardins luxuriants. Les coussins, poufs et tapis semblent confortables. Elles présentent donc plutôt un lieu utilisé par la noblesse.
2) Nous voyons que les personnages discutent puisqu'ils se regardent et qu'ils exécutent des gestes avec leurs mains (surtout la jeune femme).
3) Dans la première illustration, le sultan tient la jeune femme par le poignet, ce qui indique un comportement dominant, peut-être même agressif, ou une attirance. On remarque qu'il semble demander quelque chose à la belle.
Dans la seconde illustration, le sultan accueille la jeune femme dans ses bras et laisse sa main droit se reposer sur sa hanche. C'est un contact physique qui témoigne d'une certaine affection et d'un lien intime entre eux.
Finalement, on remarque que le sultan est physiquement très proche de la conteuse et qu'il la tient auprès de lui par force, par affection, ou les deux.
4) Le chapeau du sultan est une étoffe (tissu) enroulé sur sa tête. On appelle cela un turban.
B) Particularités à retenir
- La conteuse des Mille et Une Nuits s'appelle Shéhérazade. Nous pouvons trouver son nom orthographié de deux façons : Shéhérazade ou Shérazade. Il en va de même pour Sharyar / Chahriar. Cela est dû aux traductions.
- Dans le titre de cette œuvre, on met une majuscule à « Mille », « Une » et « Nuit » : les contes des Mille et Une Nuits. Il ne faut pas oublier le « s » à « Nuits ». Par contre, « Mille » ne prend jamais de « s » car c'est un invariable.
- Shéhérazade est aidée par sa jeune sœur, Dinarzade, qui vient la réveiller avant le lever du jour et qui l'encourage à raconter ses histoires. Sa motivation pour avoir la suite des contes pousse le Sultan à vouloir l'entendre lui aussi et donc à donner un délais supplémentaire à Shéhérazade.
- Ces contes sont plein de fantaisie, parfois de magie, et contiennent de nombreux éléments des cultures arabe et indienne, donc un vocabulaire très riche de mots que nous n'avons pas toujours l'habitude d'employer ou d'écrire.
Exemples :
- le Sultan = monarque musulman
- le Grand Vizir = conseiller du Sultan / Premier Ministre
- l'encens = bois odorant que l'on fait brûler sous forme de poudre ou bâtonnets
- le hammam = lieu où l'on s'expose à de la vapeur très chaude pour suer
- les génies / éfrit (ou ifrit ou afrit) / djinns = esprits souvent invisibles, dotés de pouvoirs surnaturels, qui peuvent être positifs mais qui préfèrent généralement nuire aux humains.
- le souk = grand marché
C) Composition des contes
Le recueil des Mille et Une Nuits met en place un récit-cadre, celui qui concerne le sultan, Shéhérazade et sa jeune sœur. A l'intérieur de ce premier récit, s’enchâssent les contes que Shéhérazade divise en chapitres.
(s'enchâsser = s'intégrer, s'insérer)
Shéhérazade prend bien garde à s'arrêter quasiment à la fin de chaque chapitre pour maintenir le suspens et pour pousser le sultan à lui laisser un délais supplémentaire afin de pouvoir tout lui raconter.
Ainsi le recueil interrompt-il les contes à plusieurs reprises pour ramener la narration sur le récit-cadre. C'est ainsi que Shéhérazade offre au sultan un morceau de conte par nuit.
Dans les Mille et Une Nuits, on trouve de nombreux contes comme Le Conte du pêcheur et du démon, Les Sept Vizirs, Le Cheval enchanté (ou L'Histoire du cheval d'ébène), Sidi Noumane...
On y trouve aussi des contes plus célèbres qui ont été ajoutés très tardivement comme Aladdin ou la Lampe merveilleuse, Ali Baba et les Quarante Voleurs, et Sinbad le marin.
→ Nous allons maintenant étudier quelques extraits du début du recueil.
I] Études de textes
Vous trouverez l'intégralité des contes des Mille et Une Nuits en ligne sur Wikisource :
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Mille_et_Une_Nuits/Contes_arabes
Rappel du contexte : Pour se venger de la tromperie de sa femme, le sultan Sharyar prend tous les jours une nouvelle femme et la fait tuer au petit matin par son vizir. Shéhérazade, la fille du vizir, décide elle-même de devenir la femme du sultan afin de mettre un terme à cette mauvaise habitude. Son père la conjure de ne pas se livrer.
→ Pour chaque partie, lisez le texte proposé, répondez aux questions qui l'accompagnent, prenez la correction et la conclusion (à la suite de l'ensemble des documents) et passez à la partie suivante.
A) La mise en garde du vizir
Pour mettre en garde sa fille, le vizir lui raconte la fable nommée « L'Âne, le Bœuf et le Laboureur ».
Vous pouvez lire la fable ici :
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Mille_et_Une_Nuits/L%E2%80%99%C3%82ne,_le_b%C5%93uf_et_le_laboureur
→ Lisez cette fable, répondez aux questions qui l'accompagnent et regardez la correction.
Texte A - La mise en garde du vizir
FABLE. L’ÂNE, LE BŒUF ET LE LABOUREUR.
FABLE. L’ÂNE, LE BŒUF ET LE LABOUREUR.
Pour mettre en garde sa fille, le vizir lui raconte la fable nommée « L'Âne, le Bœuf et le Laboureur ».
« Un marchand très-riche avoit plusieurs maisons à la campagne, où il faisoit nourrir une grande quantité de toute sorte de bétail. Il se retira avec sa femme et ses enfans à une de ses terres pour la faire valoir par lui-même. Il avoit le don d’entendre le langage des bêtes ; mais avec cette condition, qu’il ne pouvoit l’interpréter à personne, sans s’exposer à perdre la vie ; ce qui l’empêchoit de communiquer les choses qu’il avoit apprises par le moyen de ce don.
» Il y avoit à une même auge un bœuf et un âne. Un jour qu’il étoit assis près d’eux, et qu’il se divertissoit à voir jouer devant lui ses enfans, il entendit que le bœuf disoit à l’âne : « L’Éveillé, que je te trouve heureux, quand je considère le repos dont tu jouis, et le peu de travail qu’on exige de toi ! Un homme te panse avec soin, te lave, te donne de l’orge bien criblé, et de l’eau fraîche et nette. Ta plus grande peine est de porter le marchand notre maître, lorsqu’il a quelque petit voyage à faire. Sans cela, toute ta vie se passeroit dans l’oisiveté. La manière dont on me traite est bien différente, et ma condition est aussi malheureuse que la tienne est agréable. Il est à peine minuit qu’on m’attache à une charrue que l’on me fait traîner tout le long du jour en fendant la terre ; ce qui me fatigue à un point, que les forces me manquent quelquefois. D’ailleurs, le laboureur, qui est toujours derrière moi, ne cesse de me frapper. À force de tirer la charrue, j’ai le cou tout écorché. Enfin, après avoir travaillé depuis le matin jusqu’au soir, quand je suis de retour, on me donne à manger de méchantes fèves sèches, dont on ne s’est pas mis en peine d’ôter la terre, ou d’autres choses qui ne valent pas mieux. Pour comble de misère, lorsque je me suis repu d’un mets si peu appétissant, je suis obligé de passer la nuit couché dans mon ordure. Tu vois donc que j’ai raison d’envier ton sort. »
» L’âne n’interrompit pas le bœuf ; il lui laissa dire tout ce qu’il voulut ; mais quand il eut achevé de parler : « Vous ne démentez pas, lui dit-il, le nom d’idiot qu’on vous a donné ; vous êtes trop simple, vous vous laissez mener comme l’on veut, et vous ne pouvez prendre une bonne résolution. Cependant quel avantage vous revient-il de toutes les indignités que vous souffrez ? Vous vous tuez vous-même pour le repos, le plaisir et le profit de ceux qui ne vous en savent point de gré. On ne vous traiteroit pas de la sorte, si vous aviez autant de courage que de force. Lorsqu’on vient vous attacher à l’auge, que ne faites-vous résistance ? Que ne donnez-vous de bons coups de cornes ? Que ne marquez-vous votre colère en frappant du pied contre terre ? Pourquoi enfin n’inspirez-vous pas la terreur par des beuglemens effroyables ? La nature vous a donné les moyens de vous faire respecter, et vous ne vous en servez pas. On vous apporte de mauvaises fèves et de mauvaise paille, n’en mangez point ; flairez-les seulement et les laissez. Si vous suivez les conseils que je vous donne, vous verrez bientôt un changement dont vous me remercierez. »
» Le bœuf prit en fort bonne part les avis de l’âne, il lui témoigna combien il lui étoit obligé. « Cher l’Éveillé, ajouta-t-il, je ne manquerai pas de faire tout ce que tu m’as dit, et tu verras de quelle manière je m’en acquitterai. » Ils se turent après cet entretien, dont le marchand ne perdit pas une parole.
» Le lendemain de bon matin, le laboureur vint prendre le bœuf ; il l’attacha à la charrue, et le mena au travail ordinaire. Le bœuf, qui n’avoit pas oublié le conseil de l’âne, fit fort le méchant ce jour-là ; et le soir, lorsque le laboureur l’ayant ramené à l’auge, voulut l’attacher comme de coutume, le malicieux animal, au lieu de présenter ses cornes de lui-même, se mit à faire le rétif, et à reculer en beuglant ; il baissa même ses cornes, comme pour en frapper le laboureur. Il fit enfin tout le manége que l’âne lui avoit enseigné. Le jour suivant, le laboureur vint le reprendre pour le remener au labourage ; mais trouvant l’auge encore remplie des fèves et de la paille qu’il y avoit mises le soir, et le bœuf couché par terre, les pieds étendus, et haletant d’une étrange façon, il le crut malade ; il en eut pitié, et jugeant qu’il seroit inutile de le mener au travail, il alla aussitôt en avertir le marchand.
» Le marchand vit bien que les mauvais conseils de l’Eveillé avoient été suivis ; et pour le punir comme il le méritoit : « Va, dit-il au laboureur, prends l’âne à la place du bœuf, et ne manque pas de lui donner bien de l’exercice. » Le laboureur obéit. L’âne fut obligé de tirer la charrue tout ce jour-là ; ce qui le fatigua d’autant plus, qu’il étoit moins accoutumé à ce travail. Outre cela, il reçut tant de coups de bâton, qu’il ne pouvoit se soutenir quand il fut de retour.
» Cependant le bœuf étoit très content : il avoit mangé tout ce qu’il y avoit dans son auge, et s’étoit reposé toute la journée ; il se réjouissoit en lui-même d’avoir suivi les conseils de l’Eveillé ; il lui donnoit mille bénédictions pour le bien qu’il lui avoit procuré, et il ne manqua pas de lui en faire un nouveau compliment lorsqu’il le vit arriver. L’âne ne répondit rien au bœuf, tant il avoit de dépit d’avoir été si maltraité. « C’est par mon imprudence, se disoit-il à lui-même, que je me suis attiré ce malheur ; je vivois heureux ; tout me rioit ; j’avois tout ce que je pouvois souhaiter ; c’est ma faute, si je suis dans ce déplorable état ; et si je ne trouve quelque ruse en mon esprit pour m’en tirer, ma perte est certaine. » En disant cela, ses forces se trouvèrent tellement épuisées, qu’il se laissa tomber à demi mort au pied de son auge. »
En cet endroit le grand-visir s’adressant à Scheherazade, lui dit : « Ma fille, vous faites comme cet âne, vous vous exposez à vous perdre par votre fausse prudence. Croyez-moi, demeurez en repos, et ne cherchez point à prévenir votre mort. »
Les Mille et Une Nuits, contes arabes, « Fable. L’Âne, le Bœuf et le Laboureur »,
Traduction par Antoine Galland, édition Le Normant,1806 (p.36-56).
Vocabulaire
- interpréter = ici c'est l'expliquer, le répéter à quelqu'un.
- une auge = récipient qui sert à donner à manger ou à boire aux animaux.
- panser = soigner
- de l'orge criblé = céréale complète
- la charrue = objet servant à retourner la terre pour semer des graines
- des fèves = sorte de haricot à la chair farineuse
- ôter = enlever
- des mets = des plats, aliments
- être simple = idiot
- ceux qui ne vous en savent point de gré = ceux qui ne vous en remercient pas
- des beuglemens = cris des bovidés (vache, bœuf, taureau, veau...)
- prendre en fort bonne part les avis de quelqu'un = suivre les avis
- étoit obligé = être reconnaissant
- s'acquitter = faire
- le labourage = action de retourner la terre
→ Répondez aux questions suivantes :
1) Résumez cette fable en quelques lignes.
2) Comment voyons-nous que ce texte est une fable ?
3) A votre avis, pourquoi « enfans » s'écrit ici sans « t » et pourquoi la plupart des verbes finissent en « -oi » ? Est-ce correct ?
4) Comment se nomme l'Âne ? Pourquoi à votre avis ?
5) Quelle morale fait le vizir à sa fille ? Finalement, qui compare-t-il à l'Âne, au Boeuf et au Marchand ?
- Correction (cliquer ici):
Correction des questions du texte A sur la fable du vizir
1) Résumé : Le Bœuf travaille fort pour le Laboureur. Il envie l'Âne qui travaille moins que lui et qui est bien soigné. Ce dernier ne travaille que pour le Marchand et ne s'occupe pas de retourner la terre. L'Âne conseille donc au Boeuf de mettre de la mauvaise volonté dans son labeur (travail) et d'être méchant pour que le Laboureur ne l'utilise plus. Malheureusement, le Marchand comprend que l’Âne a été un vilain conseiller et le met si fort au travail que l'animal en meurt de fatigue.
2) Nous voyons que c'est une fable car c'est une histoire courte et merveilleuse, avec des animaux qui parlent et un homme qui comprend leur langage. C'est aussi une histoire moralisatrice qui sert à divertir et à donner un enseignement (docere et placere = plaire et instruire en latin, buts des fables depuis l'Antiquité et le fabuliste Esope).
3) Certains mots comme « enfans » ont une orthographe différente de la nôtre et la plupart des verbes finissent en « -oi » car c'est une traduction de 1806. C'est donc du français de cette époque. La langue a évolué depuis.
4) L'Âne s'appelle « L’Éveillé », ce qui signifie qu'il est attentif et intelligent. Apparemment, il sait ce qu'il faut faire pour ne pas être trop exploité par les humains.
5) Le vizir fait la morale à sa fille : « Ma fille, vous faites comme cet âne, vous vous exposez à vous perdre par votre fausse prudence. Croyez-moi, demeurez en repos, et ne cherchez point à prévenir votre mort. »
Le vizir lui conseille ainsi de profiter de sa liberté et de sa vie plutôt que de vouloir aider les autres femmes et de risquer de mourir. Il la compare à l'Âne de cette fable qui n'a pas su se taire et qui a fini par prendre la place du Boeuf. Le Boeuf représente les autres femmes qui se font tuer et le Marchand représente le sultan.
Conclusion : A l'instar des fables de l'Antiquité, cette histoire cherche à transmettre une morale à son auditoire, ici Shéhérazade. En mettant en scène des animaux, la fable veut faire un parallèle avec les humains et nous apprendre la prudence. Par cette histoire, le vizir tente ainsi que convaincre sa fille de ne pas se livrer au sultan, mais ce sera en vain.
B) Le stratagème de Shéhérazade
Mais la fable de son père n'arrête pas Shéhérazade car elle a un plan ! Cependant, pour le mettre à exécution, elle va avoir besoin de la complicité de sa sœur...
→ Lisez le texte sur « Le stratagème », répondez aux questions qui l'accompagnent et regardez la correction.
Vous pouvez trouver ce texte à la suite de la fable ici :
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Mille_et_Une_Nuits/L%E2%80%99%C3%82ne,_le_b%C5%93uf_et_le_laboureur
Texte B - Le stratagème de Shéhérazade
Le sultan est étonné du sacrifice de Shéhérazade mais il accepte de la prendre pour épouse. Le vizir va annoncer la nouvelle à sa fille qui l'accueille avec joie.
Elle ne songea plus qu’à se mettre en état de paroître devant le sultan ; mais avant que de partir, elle prit sa sœur Dinarzade en particulier, et lui dit : « Ma chère sœur, j’ai besoin de votre secours dans une affaire très-importante, je vous prie de ne me le pas refuser. Mon père va me conduire chez le sultan pour être son épouse. Que cette nouvelle ne vous épouvante pas ; écoutez-moi seulement avec patience. Dès que je serai devant le sultan, je le supplierai de permettre que vous couchiez dans la chambre nuptiale, afin que je jouisse cette nuit encore de votre compagnie. Si j’obtiens cette grace, comme je l’espère, souvenez-vous de m’éveiller demain matin une heure avant le jour et de m’adresser ces paroles : « Ma sœur, si vous ne dormez pas, je vous supplie, en attendant le jour qui paroîtra bientôt, de me raconter un de ces beaux contes que vous savez. » Aussitôt je vous en conterai un, et je me flatte de délivrer par ce moyen tout le peuple de la consternation où il est. Dinarzade répondit à sa sœur qu’elle feroit avec plaisir ce qu’elle exigeoit d’elle.
L’heure de se coucher étant enfin venue, le grand-visir conduisit Scheherazade au palais, et se retira après l’avoir introduite dans l’appartement du sultan. Ce prince ne se vit pas plutôt avec elle, qu’il lui ordonna de se découvrir le visage. Il la trouva si belle, qu’il en fut charmé ; mais s’apercevant qu’elle étoit en pleurs, il lui en demanda le sujet. « Sire, répondit Scheherazade, j’ai une sœur que j’aime aussi tendrement que j’en suis aimée. Je souhaiterois qu’elle passât la nuit dans cette chambre, pour la voir et lui dire adieu encore une fois. Voulez-vous bien que j’aie la consolation de lui donner ce dernier témoignage de mon amitié ? » Schahriar y ayant consenti, on alla chercher Dinarzade, qui vint en diligence. Le sultan se coucha avec Scheherazade sur une estrade fort élevée à la manière des monarques de l’Orient, et Dinarzade dans un lit qu’on lui avoit préparé au bas de l’estrade.
Une heure avant le jour, Dinarzade s’étant réveillée, ne manqua pas de faire ce que sa sœur lui avoit recommandé. « Ma chère sœur, s’écria-t-elle, si vous ne dormez pas, je vous supplie, en attendant le jour qui paroîtra bientôt, de me raconter un de ces contes agréables que vous savez. Hélas ! ce sera peut-être la dernière fois que j’aurai ce plaisir. »
Scheherazade, au lieu de répondre à sa sœur, s’adressa au sultan : « Sire, dit-elle, votre majesté veut-elle bien me permettre de donner cette satisfaction à ma sœur ? » « Très-volontiers, répondit le sultan. » Alors Scheherazade dit à sa sœur d’écouter ; et puis adressant la parole à Schahriar, elle commença de la sorte : …
Les Mille et Une Nuits, contes arabes, « Fable. L’Âne, le Bœuf et le Laboureur »,
Traduction par Antoine Galland, édition Le Normant,1806 (p.36-56).
Traduction par Antoine Galland, édition Le Normant,1806 (p.36-56).
- la chambre nuptiale = la chambre des époux
- jouir de quelque chose = profiter de quelque chose
- obtenir une grâce = une faveur
- la consternation = la paralysie, la peur
- Venir en diligence = ici c'est synonyme de venir très vite
→ Répondez aux questions suivantes :
1) Quelle mission Shéhérazade donne-t-elle à sa sœur ?
2) Qu'est-ce que Shéhérazade demande au sultan ? Lui accorde-t-il ?
3) A qui Shéhérazade s'adresse-t-elle réellement lorsqu'elle commence à raconter son histoire ? A votre avis, pourquoi ?
2) Qu'est-ce que Shéhérazade demande au sultan ? Lui accorde-t-il ?
3) A qui Shéhérazade s'adresse-t-elle réellement lorsqu'elle commence à raconter son histoire ? A votre avis, pourquoi ?
- Correction (cliquer ici):
Correction des questions du texte B sur le stratagème
1) La sœur de Shéhérazade a pour mission de la réveiller juste avant l'aube et de lui réclamer une histoire. Habile conteuse, Shéhérazade va ainsi raconter des histoires si passionnantes que le sultan va avoir envie de reporter sa mort.
2) Shéhérazade demande au sultan de lui accorder le droit de conter son histoire à sa sœur. C'est comme un adieu. Le sultan accepte de lui laisser la vie sauve jusqu'au lendemain.
3) Lorsqu'elle commence à raconter son histoire, la jeune femme demande à sa sœur de l'écouter mais c'est au sultan qu'elle s'adresse en réalité : « Alors Scheherazade dit à sa sœur d’écouter ; et puis adressant la parole à Schahriar, elle commença de la sorte ». C'est une marque de respect, puisqu'il dirige le pays, mais c'est surtout pour attirer son attention. Ainsi, le sultan sera pendu à ses lèvres et aura envie d'entendre la suite.
Conclusion : Shéhérazade est une jeune femme maligne et ingénieuse qui a le don de fasciner ceux qui l'écoutent par ses histoires passionnantes et haletantes. Aidée de sa sœur, elle joue avec le suspens et met ainsi en place un stratagème qui retardera indéfiniment sa propre mort et qui évitera que le sultan ne tue toujours plus de femmes.
C) La première nuit
Lors de sa première nuit avec le sultan, Shéhérazade se lance enfin dans sa première histoire : « Le Marchand et le Génie ».
→ Lisez le texte de la première nuit, répondez aux questions qui l'accompagnent et regardez la correction.
Vous trouverez l'intégralité de ce conte ici :
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Mille_et_Une_Nuits/Le_Marchand_et_le_g%C3%A9nie
Texte C – La première nuit : « Le Marchand et le Génie »
Shéhérazade se lance dans sa première histoire : « Le Marchand et le Génie ».Sire, il y avoit autrefois un marchand qui possédoit de grands biens, tant en fonds de terre, qu’en marchandises et en argent comptant. Il avoit beaucoup de commis, de facteurs et d’esclaves. Comme il étoit obligé de temps en temps de faire des voyages pour s’aboucher avec ses correspondans, un jour qu’une affaire d’importance l’appeloit assez loin du lieu qu’il habitoit, il monta à cheval et partit avec une valise derrière lui, dans laquelle il avoit mis une petite provision de biscuits et de dattes, parce qu’il avoit un pays désert à passer, où il n’auroit pas trouvé de quoi vivre. Il arriva sans accident à l’endroit où il avoit affaire ; et quand il eut terminé la chose qui l’y avoit appelé, il remonta à cheval pour s’en retourner chez lui.
Le quatrième jour de sa marche, il se sentit tellement incommodé de l’ardeur du soleil et de la terre échauffée par ses rayons, qu’il se détourna de son chemin pour aller se rafraîchir sous des arbres qu’il aperçut dans la campagne. Il y trouva, au pied d’un grand noyer, une fontaine d’une eau très-claire et coulante. Il mit pied à terre, attacha son cheval à une branche d’arbre, et s’assit près de la fontaine, après avoir tiré de sa valise quelques dattes et du biscuit. En mangeant les dattes, il en jetoit les noyaux à droite et à gauche. Lorsqu’il eut achevé ce repas frugal, comme il étoit bon musulman, il se lava les mains, le visage et les pieds, et fit sa prière.
Il ne l’avoit pas finie, et il étoit encore à genoux ; quand il vit paroître un génie tout blanc de vieillesse, et d’une grandeur énorme, qui, s’avançant jusqu’à lui le sabre à la main, lui dit d’un ton de voix terrible : « Lève-toi, que je te tue avec ce sabre, comme tu as tué mon fils. » Il accompagna ces mots d’un cri effroyable. Le marchand, autant effrayé de la hideuse figure du monstre, que des paroles qu’il lui avoit adressées, lui répondit en tremblant : « Hélas ! mon bon seigneur, de quel crime puis-je être coupable envers vous, pour mériter que vous m’ôtiez la vie ? » « Je veux, reprit le génie, te tuer de même que tu as tué mon fils. » « Hé ! bon Dieu, repartit le marchand, comment pourrois-je avoir tué votre fils ? Je ne le connois point, et je ne l’ai jamais vu. » « Ne t’es-tu pas assis en arrivant ici, répliqua le génie ? n’as-tu pas tiré des dattes de ta valise, et, en les mangeant, n’en as-tu pas jeté les noyaux à droite et à gauche ? » « J’ai fait ce que vous dites, répondit le marchand, je ne puis le nier. » « Cela étant, reprit le génie, je te dis que tu as tué mon fils, et voici comment : dans le temps que tu jetois tes noyaux, mon fils passoit ; il en a reçu un dans l’œil, et il en est mort ; c’est pourquoi il faut que je te tue. » « Ah ! monseigneur, pardon, s’écria le marchand. » « Point de pardon, répondit le génie, point de miséricorde. N’est-il pas juste de tuer celui qui a tué ? » « J’en demeure d’accord, dit le marchand ; mais je n’ai assurément pas tué votre fils ; et quand cela seroit, je ne l’aurois fait que fort innocemment ; par conséquent je vous supplie de me pardonner, et de me laisser la vie. » « Non, non, dit le génie en persistant dans sa résolution, il faut que je te tue de même que tu as tué mon fils. « À ces mots, il prit le marchand par le bras, le jeta la face contre terre, et leva le sabre pour lui couper la tête.
Cependant le marchand tout en pleurs, et protestant de son innocence, regrettoit sa femme et ses enfans, et disoit les choses du monde les plus touchantes. Le génie, toujours le sabre haut, eut la patience d’attendre que le malheureux eût achevé ses lamentations ; mais il n’en fut nullement attendri. « Tous ces regrets sont superflus, s’écria-t-il ; quand tes larmes seroient de sang, cela ne m’empêcheroit pas de te tuer, comme tu as tué mon fils. » « Quoi ! répliqua le marchand, rien ne peut vous toucher ? Vous voulez absolument ôter la vie à un pauvre innocent ? » « Oui, repartit le génie, j’y suis résolu. » En achevant ces paroles…
Scheherazade, en cet endroit, s’apercevant qu’il étoit jour, et sachant que le sultan se levoit de grand matin pour faire sa prière et tenir son conseil, cessa de parler. « Bon Dieu ! ma sœur, dit alors Dinarzade, que votre conte est merveilleux ! » « La suite en est encore plus surprenante, répondit Scheherazade, et vous en tomberiez d’accord, si le sultan vouloit me laisser vivre encore aujourd’hui et me donner la permission de vous la raconter la nuit prochaine. » Schahriar, qui avoit écouté Scheherazade avec plaisir, dit en lui-même : « J’attendrai jusqu’à demain ; je la ferai toujours bien mourir quand j’aurai entendu la fin de son conte. » Ayant donc pris la résolution de ne pas faire ôter la vie à Scheherazade ce jour-là, il se leva pour faire sa prière et aller au conseil.
Pendant ce temps-là le grand-visir étoit dans une inquiétude cruelle. Au lieu de goûter la douceur du sommeil, il avoit passé la nuit à soupirer et à plaindre le sort de sa fille, dont il devoit être le bourreau. Mais si dans cette triste attente il craignoit la vue du sultan, il fut agréablement surpris, lorsqu’il vit que ce prince entroit au conseil, sans lui donner l’ordre funeste qu’il en attendoit.
Le sultan, selon sa coutume, passa la journée à régler les affaires de son empire ; et quand la nuit fut venue, il coucha encore avec Scheherazade. Le lendemain avant que le jour parût, Dinarzade ne manqua pas de s’adresser à sa sœur, et de lui dire : « Ma chère sœur, si vous ne dormez pas, je vous supplie, en attendant le jour qui paroîtra bientôt, de continuer le conte d’hier. » Le sultan n’attendit pas que Scheherazade lui en demandât la permission. « Achevez, lui dit-il, le conte du génie et du marchand, je suis curieux d’en entendre la fin. » Scheherazade prit alors la parole, et continua son conte dans ces termes :
Les Mille et Une Nuits, contes arabes, « Fable. L’Âne, le Bœuf et le Laboureur »,
Traduction par Antoine Galland, édition Le Normant,1806 (p.36-56).
Traduction par Antoine Galland, édition Le Normant,1806 (p.36-56).
Vocabulaire
- argent comptant = payé immédiatement en espèces
- des commis = petits agents, serviteurs
- aboucher = communiquer
- des dattes = fruits avec un gros noyau central
- être incommodé = être gêné
- l’ardeur du soleil = la chaleur, la puissance du soleil
- un noyer = l'arbre dont les fruits sont des noix
- un repas frugal = un repas très léger
- hideux(se) = laid(e)
- résolution = décision volontaire et arrêtée
- des lamentations = des pleurs et plaintes
- ce qui est superflus = ce qui est inutile
→ Répondez aux questions suivantes :
1) a) Qui le marchand rencontre-t-il ?
b) Est-ce un être normal ?
c) Qu'est-ce que cela apporte au conte ?
2) Quelle erreur le marchand a-t-il malheureusement faite ?
3) Mérite-t-il le châtiment prononcé contre lui ?
4) Comment Shéhérazade maintient-elle le suspens ?
5) Et vous, avez-vous envie de lire la suite ? Qu'imaginez-vous ?
b) Est-ce un être normal ?
c) Qu'est-ce que cela apporte au conte ?
2) Quelle erreur le marchand a-t-il malheureusement faite ?
3) Mérite-t-il le châtiment prononcé contre lui ?
4) Comment Shéhérazade maintient-elle le suspens ?
5) Et vous, avez-vous envie de lire la suite ? Qu'imaginez-vous ?
- Correction (cliquer ici):
Correction des questions du texte C sur la première nuit
1) a) Le marchand rencontre « un génie tout blanc de vieillesse, et d’une grandeur énorme ». Ce dernier possède un « sabre à la main » et lui parle « d'un ton de voix terrible ». Il le menace de mort avec un « cri effroyable ».
b) C'est un être exceptionnel, puissant et effrayant. Les génies sont des êtres issus du folklore arabe, capables d'utiliser la magie et souvent invisibles aux humains. Ils veulent généralement du mal aux humains, pour s'amuser.
c) Dans ce conte, Shéhérazade apporte ainsi une touche de merveilleux très plaisante qui donne envie d'en savoir plus sur cette étrange créature magique.
2) Le marchand a fait l'erreur de jeter les noyaux de ses dattes un peu partout. Le génie l'accuse d'avoir tué son fils en jetant un noyau dans un de ses yeux. Le génie lui dit : « dans le temps que tu jetois tes noyaux, mon fils passoit ; il en a reçu un dans l’œil, et il en est mort ; c’est pourquoi il faut que je te tue. »
3) A première vue, le marchand ne semble pas vraiment mériter châtiment que le génie prononce contre lui. Après tout, il n'a fait que jeter des noyaux de dattes. Le génie paraît donc particulièrement cruel avec lui.
Cependant, si le marchand a réellement tué ainsi le fils du génie, on peut comprendre la réaction de la créature. Comment pourrait-il tolérer un tel crime, même s'il n'est pas volontaire ?
Le problème, c'est qu'on ne sait pas si cela est vrai ou si le génie cherche simplement le conflit puisque le marchand n'a jamais vu ce fameux fils et que le fils n'est pas du tout mis en scène. Peut-être qu'il n'existe même pas...
4) Shéhérazade maintient le suspens en s'arrêtant au moment où le génie veut tuer le marchand. Ainsi, tout le monde a envie de savoir s'il va mourir ou non. De plus, elle utilise l'entrain de sa sœur et lui promet (devant le sultan) une suite merveilleuse : « La suite en est encore plus surprenante ». L'utilisation des adverbes intensifs « encore plus » et de l'adjectif « surprenante » accentue le côté extraordinaire de la suite, ce qui donne envie à sa sœur et au sultan d'en savoir plus. Chacun se demande quels rebondissements pourraient bien sauver le pauvre marchand.
5) Question personnelle sans correction possible.
Ici, il suffisait d'exprimer son opinion et de développer un peu son imagination pour écrire un petit résumé de la suite possible.
Idées possibles : le génie fait travailler le marchand pour lui / le marchand se défend à coup de dattes / le marchand s'enfuit mais est pourchassé toute sa vie par le génie / le marchand prouve au génie qu'il n'a pas tué son fils...
Conclusion : Dès sa première nuit, Shéhérazade raconte une histoire qui attire l'attention par sa violence et son côté merveilleux. Elle met en scène un paisible marchand qui doit faire face à un terrible génie. Cet être magique veut soudainement le punir d'avoir tué son fils en lui jetant une datte dans l'oeil. Mais rien n'est prouvé. Est-ce une injustice ? Est-ce une vengeance légitime ? Shéhérazade laisse planer le doute, ce qui motive ses auditeurs à l'écouter le lendemain.
Conclusion de la séance 3
Les contes des Mille et Une Nuits est une œuvre étonnante, qui réunit de nombreuses histoires venues d'Inde et des pays arabes. C'est un recueil anonyme mainte fois remanié, modifié, traduit et complété par différents collecteurs.
Héritiers des traditions orales, les contes qu'il contient mêlent la réalité avec la fiction, tout un univers merveilleux de créatures étranges et de magie, et ils mettent en scène des héros de tous horizons en lutte contre leur destinée, les dangers de ce monde ou des esprits malfaisants.
Construit en récit à tiroirs, ce recueil conserve comme récit-cadre l'histoire de la courageuse Shéhérazade qui épouse le sultan Sharyar et qui évite la mort grâce à ses dons de narratrice. Ce recueil nous rappelle l'importance de la parole.
Notion à retenir: l'éloquence
- L'éloquence = art de bien parler, de toucher avec sa parole, de faire des discours, de convaincre de persuader...On appelle l'éloquence également l'art oratoire ou l'art rhétorique.
- Être éloquent(e) = savoir bien parler, bien manier l'art du discours
Exemple: Shéhérazade est éloquente = elle sait très bien parler. Elle fait preuve d'éloquence.
Depuis l'Antiquité, on appelle un homme très éloquent un orateur (oratrice au féminin). C'est quelqu'un qui sait mener des discours oraux, face à un auditoire (ensemble des auditeurs / spectateurs / ceux qui écoutent).
II] Lecture, écoute et références
A) Lecture
Nous ne pouvons pas lire en classe l'intégralité des contes des Mille et Une Nuits mais je vous conseille de vous trouver un recueil et de lire les contes les plus célèbres afin de développer votre culture générale. En plus, c'est plaisant !
→ Vous trouverez l'intégralité des contes des Mille et Une Nuits en ligne sur Wikisource : https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Mille_et_Une_Nuits/Contes_arabes
→ Curiosité à observer : le livre édité en 1852 a été entièrement scanné et déposé sur Gallica.bnf :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62231275/f15.image
B) Livres audio
Pour écouter les récits de Shéhérazade, vous trouverez des livres audio directement sur Youtube. N'hésitez pas à une écouter un morceau de temps en temps !
→ Pour avoir des lectures audio de qualité, je vous conseille vivement la chaîne Youtube de « Livre Audio » : https://www.youtube.com/channel/UCyInbxnEeg1b39fdElldv-Q
→ Vous y trouverez les contes des Mille et Une Nuits lus par Christine Treill :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLpGS4L5aw3q9ObWc_QAr5P7HPiOzUfUcZ
Quelques contes importants pour la culture générale (livres audio) :
- Aladdin ou la Lampe merveilleuse : https://www.youtube.com/watch?v=5n5WOwDdHKo
- Le Cheval enchanté : https://www.youtube.com/watch?v=6Z3jowzuHBw
- Sinbad le marin : https://www.youtube.com/watch?v=BOucI3wD9Bc
- Ali Baba et les Quarante Voleurs : https://www.youtube.com/watch?v=eLHbyux_VKc
II] Les adaptations récentes
Avant ce cours, vous aviez sans doute déjà entendu parler des Mille et Une Nuits. C'est en effet une référence que l'on utilise encore couramment de nos jours, notamment dans les dessins animés pour enfants, dans les BD et les séries télévisées.
Voici quelques exemples d'utilisations modernes de ce recueil :
1) La Série TV Princesse Shéhérazade
Diffusée à partir de 1996 sur France 2 puis en 2008 sur France 5, Princesse Shéhérazade est une série TV d'animation française créée par Marie-France Brière. En 52 épisodes de 25 minutes environ, elle met en scène la princesse Shéhérazade qui raconte ses aventures dans le monde des Mille et Une Nuits. La jeune femme est accompagnée de son éfrit nommé Till.
Générique : https://www.youtube.com/watch?v=wudu6vG8Jds
2) La BD Astérix chez Rahazade
Un album des aventures d'Astérix, de Goscinny et Uderzo évoque les Mille et Une Nuits : Astérix chez Rahazade (noter le jeu de mot). Publié en 987, l'histoire raconte l'arrivée au village gaulois du fakir Kiçàh. Tombé de son tapis volant, le vieil homme dit qu'il vient d'Inde et qu'à cause de la sécheresse la princesse Rahazade, fille du sultan, va être sacrifiée aux dieux par le gourou (sorcier) Kiwoala. Au départ, il venait chercher le barde (chanteur) Assurancetourix pour qu'il vienne chanter et faire pleuvoir. Finalement, il repart avec le barde mais aussi les deux guerriers Astérix et Obélix, ainsi que le petit chien Idéfix. Ensemble, ils vont tenter de sauver la princesse.
Vous remarquerez que dans cette histoire Shéhérazade n'est pas la fille du vizir mais celle du sultan et que le motif du sacrifice n'a plus rien à voir avec une histoire de tromperie.
3) La BD Iznogoud, Les mille et une nuits du calife
Iznogoud est une série de bandes dessinées commencée en 1962, autrefois scénarisée par Goscinny et dessinée par Jean Tabary. Elle met en scène Iznogoud le vizir qui répète « Je veux être calife à la place du calife ! », c'est-à-dire prendre la place du chef. Pour cela, il déborde d'ingéniosité mais il ne parvient jamais à ses fins. Jouant sur les mots et les calembours (blagues), cette série est amusante notamment pour le contraste entre Iznogoud, toujours très agité, et le calife, très mou, qui ne voit jamais ce que son vizir prépare.
Sorti en 2015, le 28ème album d'Iznogoud, Iznogoud, les mille et une nuits du calife, continue la série avec cette fois Muriel Tabary-Dumas au scénario, aidé par Stéphane Tabary qui s'occupe également du dessin. Les références aux contes sont nombreuses dans cet album.
4) Le film d'animation Sinbad : la légende des sept mers
Sorti en 2003 et produit par Jeffrey Katzenberg, le film d'animation Sinbad : La Légende des sept mers a été réalisé par Tim Johnson et Patrick Gilmore.
Dans cette aventure, Éris, la déesse de la Discorde, souhaite voler le Livre de la paix qui se trouve à Syracuse. Pour cela, elle utilise le voleur Sinbad. Cependant, le livre est gardé par son meilleur ami, le prince Proteus.
Une fois en possession du livre, Eris abandonne Sinbad qui est jugé par les hommes. Proteus se sacrifie pour lui : soit Sinbad ramène le livre d'ici quelques jour, soit Proteus est tué à sa place. Sinbad part, suivi par Marina, la fiancée de Proteus qui veut s'assurer que le voleur accomplisse sa mission. Éris enverra de nombreuses calamités pour tenter de les arrêter mas Sinbad ira jusqu'au Tartare, où vit la déesse...
→ Mais il y a aussi le dessin animé Aladdin de Disney, adapté également en film, ou encore le film Ali Baba et les quarante voleurs de 1954 avec Fernandel !
→ Il existe tellement d'adaptations de ces contes qu'il serait impossible de toutes les lister. Je vous invite donc à ouvrir les yeux et à tendre vos oreilles, que ce soit en ouvrant un livre, en regardant la TV ou en jouant à un jeu vidéo, et de savoir repérer les références à cette œuvre.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum