Séance 1 - Le conte et ses rôles

Regarder le monde, inventer des mondes

Séquence V – Les contes et leurs univers imaginaires

Dans cette petite séquence verrons des généralités sur les contes, puis nous étudierons le conte Ito ou la vengeance du samouraï de Reberg, et enfin nous verrons quelques extraits des légendaires Contes des Mille et Une Nuits.

Problématiques

- Qu'est-ce qu'un conte ?
- Les contes ne sont-ils faits que pour les enfants ?
- Qu'apprenons-nous grâce aux contes ?
- Que nous transmet Ito ou la vengeance du samouraï ? Qu'est-ce qu'un samouraï ?
- Que sont les Contes des Mille et Une Nuits ? Qui est Shéhérazade ?

→ Dossier sur les contes p.126-137
→ Manuel disponible en ligne ici : https://fr.calameo.com/read/0048229539175944afc84
→ Vous trouverez les corrections des exercices en fin de séance.

Séance 1 – Le conte et ses rôles

A) Qu'est-ce qu'un conte ?

Le conte est avant tout un récit oral qui se transmet grâce au bouche à oreille et qui change par conséquent facilement de forme. C'est pour cela que nous avons parfois plusieurs versions d'un même conte. Depuis la Renaissance, les contes sont transposés à l'écrit et même réécrits. Le conte est ainsi devenu un genre littéraire à part entière.

Le conte en tant que genre littéraire fait le récit d'aventures imaginaires. Il peut être court ou long et avoir plusieurs buts, comme celui de distraire, d'amuser ou de délivrer une ou plusieurs moralités afin de permettre aux lecteurs de grandir ou d'évoluer dans leurs idées sur des sujets donnés. Les contes ont en commun l'acceptation de l'invraisemblance, c'est-à-dire des événements qui ne sont pas forcément crédibles dans le monde réel.
Lorsqu'ils acceptent le merveilleux et le surnaturel (magie, créatures imaginaires...), on les appelle des contes merveilleux ou contes de fées.

Le mot « merveilleux » vient du latin mirabilia qui signifie « choses étonnantes, admirables ». Ainsi, ce qui est merveilleux est ce qui est étonnant et admirable.
Dans les récits, le merveilleux rassemble ce qui appartient au monde de la magie, du folklore surnaturel et de tout ce qui touche aux univers peuplés de créatures imaginaires comme les ogres, les dragons, les fées, les lutins, les monstres, les sorcières ou encore les animaux qui parlent.

Activité A

→ Remplissez le tableau suivant à l'aide de cinq contes que vous connaissez :

Nom du conte	Héros	Quête	Ennemi(s)	Ami(s)	Merveilleux, objet magique...	Fin / Morale

→ Que remarquez-vous concernant : le nom du conte et du personnage principal ? La nature des ennemis ? Le merveilleux ? Les moralités ?

B) Un genre facile et codé

Autrefois, les contes étaient souvent racontés près du feu, le soir, pour distraire la famille et pour bercer les plus jeunes. Encore aujourd'hui, la capacité des enfants à s'inventer des histoires la journée leur permet d'apprécier tout particulièrement ce genre le soir. En effet, un enfant s'appuie toujours sur ce qu'il entend, ce qu'il lit et ce qu'il regarde, notamment à la TV (chaînes pour enfants, DVD...). Son imagination est très fertile.

Court, généralement facile à lire et à retenir, le conte suit presque toujours le même schéma narratif, simple et efficace, et le schéma actanciel habituel de tout récit, ce qui permet aux enfants de suivre l'histoire sans se perdre.

a) Les étapes du récit (schéma narratif)

En général, toutes les histoires, que ce soit des contes ou non, suivent des étapes narratives rendues universelles :

Séance 1 - Le conte et ses rôles Etapes10

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Activité B, a

→ Lisez ce résumé du conte du Chat botté et découpez-le en étapes en suivant l'exemple du Chaperon Rouge ci-dessus (situation initiale, élément perturbateur, péripéties, élément de résolution, situation finale).

Il était une fois, un meunier qui avait trois fils. Ils étaient plutôt pauvres. Un jour, le meunier mourut et il légua à ses fils ses possessions. L'aîné eut le moulin, le cadet eut l'âne et le benjamin eut le chat. Cela ne semblait pas très équitable. Le benjamin en fut très attristé. Mais il s'avéra que le chat parlait et était d'une rare intelligence. Il demanda à son maître des bottes et un sac, et jura de l'aider à sortir de sa condition. Grâce à ses capacités de conviction et à sa fourberie, le félin réussit à placer son maître auprès du roi et de sa fille, à le faire passer pour le « marquis de Carabas », mais aussi à débarrasser le royaume d'un géant. Le roi offrit la main de sa fille au maître du chat et ce dernier devint un grand seigneur. Le « marquis de Carabas » est marié à la princesse et ne manque plus de rien. Le chat coule des jours heureux.

b) Le schéma actantiel

Le conte suit également un autre schéma en parallèle du premier : le schéma actantiel, celui qui rassemble les rôles et les relations des éléments qui font le récit.

Séance 1 - Le conte et ses rôles Schzom10

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1 - Le destinateur / émetteur
C'est le personnage qui donne la quête au héros, la chose, l'idée, le sentiment qui le pousse à agir.

2 – Le sujet
C'est le héros de l'histoire. Le personnage qui agit et accomplit la quête.

3 – La quête

C'est l'aventure que vit le héros pour obtenir ce qu'il désire.

4 – L'objet de la quête
C'est l'objet désiré par le héros, l'état auquel il veut accéder, ce qu'il recherche.

5 – Le destinataire / récepteur
C'est celui à qui profite la quête, c'est-à-dire le personnage qui en bénéficie. C'est souvent le héros lui-même.

6 - Les adjuvants
Ce sont les aidants, c'est-à-dire les amis du héros, ceux qui l'aident à accomplir sa quête.

7 - Les opposants
Ce sont ceux qui s'opposent à la quête, c'est-à-dire les ennemis du héros, ceux qui se mettent en travers de sa route.

Exemple : Le Petit Poucet

1 - Le destinateur / émetteur : Le besoin
Le Petit Poucet veut aider sa famille à sortir du besoin afin d'encourager ses parents à ne pas abandonner ses frères et lui-même.

2 – Le sujet : Le Petit Poucet
C'est le Petit Poucet qui accomplit la quête.

3 – La quête : Sortir du besoin

Poucet et ses frères sont abandonnés dans la forêt par leurs parents à plusieurs reprises car ils n'ont pas les moyens de s'occuper d'eux. Il est donc nécessaire de faire sortir la famille du besoin.

4 – L'objet de la quête : Le bonheur de la famille + la fortune
Poucet ne désire qu'une chose : le bonheur de sa famille. Cela nécessite plus de moyens.

5 – Le destinataire / récepteur : Poucet, ses frères et ses parents
La famille récupère l'argent de l'ogre (ou du roi si Poucet devient son messager - selon les versions) et vivent heureux.

6 - Les adjuvants : La femme de l'ogre
La femme de l'ogre tente de cacher les enfants à son mari.

7 - Les opposants : L'ogre
L'ogre veut manger les enfants.

Activité B, b

→ De la même manière, donnez le schéma actantiel du conte du Chat botté.
(aidez-vous du résumé de l'activité B, a)

C) Les rôles des contes

Les buts des contes peuvent être multiples. Ils peuvent :

- Divertir, passer le temps
- Apprendre à lire et/ou à écrire pour les plus jeunes
- Étoffer le lexique / vocabulaire des lecteurs
- Transmettre des émotions (joie, tristesse, amusement...)
- Offrir une réflexion sur les sentiments (amour, haine...)
- Transmettre des valeurs via des exemples et des moralités
- Faire réfléchir sur des notions complexes et même parfois abstraites (la trahison, la bienveillance, le respect, la liberté, la justice...)

Souvent, les contes poussent le lecteur à s'identifier au héros, c'est-à-dire à s'imaginer être à sa place et donc à réfléchir comme lui et à lutter avec lui. Cela permet aux lecteurs (surtout les plus jeunes) de grandir avec le personnage et de songer à se dépasser eux-mêmes.

De plus, les contes profitent de leurs univers imaginaires pour mobiliser des processus de créations mentales et développer l'imagination de leurs lecteurs. Ils encouragent l'esprit à se peindre des décors et à vivre des aventures palpitantes. Ils fertilisent l'imagination en lui offrant des mondes nouveaux, merveilleux, extraordinaires, horrifiques ou philosophiques dans lesquels il peut vagabonder ou dont il peut s'inspirer.
Les contes sont donc des moyens idéaux pour apprendre et développer son imagination.

Activité C

→ Observez les morales des trois contes de Perrault suivants et résumez-les avec vos mots : qu'apprennent donc ces contes et à qui font-ils la morale ? Aux enfants, aux adultes ou aux deux ?

1 – Le Petit Chaperon Rouge :

« On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le Loup mange.
Je dis le Loup, car tous les Loups
Ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,
De tous les Loups sont les plus dangereux. »

2 – Le Petit Poucet :

« On ne s'afflige point d'avoir beaucoup d'enfants,
Quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands,
Et d'un extérieur qui brille ;
Mais si l'un d'eux est faible ou ne dit mot,
On le méprise, on le raille, on le pille ;
Quelquefois cependant c'est ce petit marmot
Qui fera le bonheur de toute la famille. »

3 – Riquet à la houppe :

Ce que l’on voit dans cet écrit,
Est moins un conte en l’air que la vérité même;
Tout est beau dans ce que l’on aime,
Tout ce qu’on aime a de l’esprit.

Dans un objet où la Nature,
Aura mis de beaux traits, et la vive peinture
D’un teint où jamais l’Art ne saurait arriver,
Tous ces dons pourront moins pour rendre un cœur sensible,
Qu’un seul agrément invisible
Que l’Amour y fera trouver.

Aide : Riquet est laid mais intelligent. La femme qu'il épouse est belle mais un peu bête. Finalement, ils s'accordent tous les deux, Riquet pouvant la rendre intelligente et la belle le rendant beau.

Correction (cliquez ici):