Séance 5 - Intro + Texte 1 - Lamartine
Mar 19 Mai - 12:04
A noter / imprimer après la séance 4.
Vocabulaire
- écumantes → écume = mousse sur l'eau
- azur = couleur bleue → le ciel
- encor = ancienne orthographe
Séance 5 – La poésie lyrique du XIXème siècle
Le XIXème siècle est pour l'Europe le siècle de la révolution industrielle : le monde agricole évolue, on fait tourner les usines à plein régime, la métallurgie connaît ses années de gloire, l'acier devient une matière omniprésente, les engins à vapeur se répandent, on découvre l'électricité...
De plus, c'est un siècle où les idées bouillonnent et où les intellectuels donnent à l'art et aux recherches technologiques et scientifiques une importance capitale. C'est donc un siècle propice aux nouveautés, aux profits et à l'évolution.
C'est à cette époque que l'on s'attarde sur la musicalité de la poésie et sur les sonorités mais aussi qu'apparaît concrètement le mot « lyrisme ». En effet, c'est Alfred de Vigny qui, en 1829, l'emploi dans une lettre pour évoquer la poésie. Pour lui, la poésie lyrique consiste à exprimer ses sentiments mais aussi à devenir un exemple universel pour les lecteurs qui vont s'identifier à lui. Il cherche à donner à ses écrits une certaine beauté (esthétisme) et une moralité.
De plus, c'est un siècle où les idées bouillonnent et où les intellectuels donnent à l'art et aux recherches technologiques et scientifiques une importance capitale. C'est donc un siècle propice aux nouveautés, aux profits et à l'évolution.
C'est à cette époque que l'on s'attarde sur la musicalité de la poésie et sur les sonorités mais aussi qu'apparaît concrètement le mot « lyrisme ». En effet, c'est Alfred de Vigny qui, en 1829, l'emploi dans une lettre pour évoquer la poésie. Pour lui, la poésie lyrique consiste à exprimer ses sentiments mais aussi à devenir un exemple universel pour les lecteurs qui vont s'identifier à lui. Il cherche à donner à ses écrits une certaine beauté (esthétisme) et une moralité.
Texte 1 – Alphonse de Lamartine (1790-1869), « L'Isolement », Méditations Poétiques, 1820.
Alphonse de Lamartine est un poète et homme politique français qui a été nommé chef au gouvernement provisoire de 1848. Il est notamment connu pour son recueil de poèmes, Les Méditations poétiques, publié en 1820.
Dans son poème « L'Isolement », il évoque la perte de son amante, Julie Charles, emportée par la tuberculose un an seulement après leur rencontre...
Dans son poème « L'Isolement », il évoque la perte de son amante, Julie Charles, emportée par la tuberculose un an seulement après leur rencontre...
→ Lisez le poème de Lamartine (page suivante) et répondez aux questions ci-dessous en développant vos réponses avec soin. Faites des citations. Nous attendons ici un travail conséquent.
1) Où s'installe le poète pour méditer ? Que voit-il de son emplacement ? Est-ce une bonne place à votre avis ? (quatre premières strophes)
2) A quelle(s) période(s) de la journée se déroule cette méditation ? Prouvez-le en trouvant des citations dans l'ensemble du poème.
Les poètes romantiques sont des poètes qui s'attardent volontiers sur la nature, la solitude, la nostalgie, la spiritualité (vagabondage de l'esprit), les ruines, l'histoire et le pittoresque (ce qui est charmant dans un paysage, un village...).
3) Prouvez que Lamartine est un poète romantique en :
a) relevant le champ lexical de la nature
b) relevant quelques éléments pittoresques en rapport avec l'architecture
c) montrant qu'il est seul et désespéré
d) montrant que l'absence de l'être aimé l'a rendu indifférent à tout
e) prouvant qu'il ne se sent plus à sa place. (fin du poème)
4) D'après les quatre dernières strophes de ce poème, qu'espère finalement l'amoureux ?
1) Où s'installe le poète pour méditer ? Que voit-il de son emplacement ? Est-ce une bonne place à votre avis ? (quatre premières strophes)
2) A quelle(s) période(s) de la journée se déroule cette méditation ? Prouvez-le en trouvant des citations dans l'ensemble du poème.
Les poètes romantiques sont des poètes qui s'attardent volontiers sur la nature, la solitude, la nostalgie, la spiritualité (vagabondage de l'esprit), les ruines, l'histoire et le pittoresque (ce qui est charmant dans un paysage, un village...).
3) Prouvez que Lamartine est un poète romantique en :
a) relevant le champ lexical de la nature
b) relevant quelques éléments pittoresques en rapport avec l'architecture
c) montrant qu'il est seul et désespéré
d) montrant que l'absence de l'être aimé l'a rendu indifférent à tout
e) prouvant qu'il ne se sent plus à sa place. (fin du poème)
4) D'après les quatre dernières strophes de ce poème, qu'espère finalement l'amoureux ?
L'isolement Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne, Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ; Je promène au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds. Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ; Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ; Là le lac immobile étend ses eaux dormantes Où l'étoile du soir se lève dans l'azur. Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres, Le crépuscule encor jette un dernier rayon ; Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon. Cependant, s'élançant de la flèche gothique, Un son religieux se répand dans les airs : Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts. Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente N'éprouve devant eux ni charme ni transports ; Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts. De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant, Je parcours tous les points de l'immense étendue, Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. " Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ? Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! | Que le tour du soleil ou commence ou s'achève, D'un œil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève, Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours. Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière, Mes yeux verraient partout le vide et les déserts : Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire ; Je ne demande rien à l'immense univers. Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère, Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux, Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre, Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux ! Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire ; Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour ! Que ne puis-je, porté sur le char de l'Aurore, Vague objet de mes vœux, m'élancer jusqu'à toi ! Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ? Il n'est rien de commun entre la terre et moi. Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ; Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! Alphonse de Lamartine (1790-1869), « L'Isolement », Méditations Poétiques, 1820. |
Vocabulaire
- écumantes → écume = mousse sur l'eau
- azur = couleur bleue → le ciel
- encor = ancienne orthographe
- la flèche gothique = sommet d'une église
- rustique = de la campagne
- transports = sentiments
- l'aquilon = vent du nord, froid et violent
- sphère = boule → la Terre
- dépouille = corps sans vie, cadavre
- s'enivrer = sensation d'ivresse, de joie
Conclusion
Le poème de Lamartine est particulièrement travaillé et il nous serait difficile en 4ème d'en voir tous les aspects. Cependant, avec notre étude, nous avons pu prouver que le lyrisme de ce poète était fortement lié à son attachement au Romantisme (nature, mélancolie, solitude, pittoresque...) et à un événement personnel : la perte de sa bien-aimée.
Dans « L'Isolement », Lamartine veut nous rappeler que même si la nature est magnifique et propre à la méditation, elle ne suffit pas toujours à nous faire oublier notre souffrance, surtout lorsqu'elle porte sur l'amour. La contemplation des paysages ne lui permet pas vraiment d'atténuer sa peine et son cœur semble malheureusement aspirer à la mort.
- rustique = de la campagne
- transports = sentiments
- l'aquilon = vent du nord, froid et violent
- sphère = boule → la Terre
- dépouille = corps sans vie, cadavre
- s'enivrer = sensation d'ivresse, de joie
- Correction (cliquez ici):
Correction des questions sur le poème de Lamartine
1) Un lieu idéal pour méditer
Le poète s'installe « sur la montagne », « à l'ombre [d'un] vieux chêne » (v.1). Il a vue sur une « plaine » (v.3), entend un « fleuve » qui « gronde » (v.5) et semble apercevoir un « lac immobile » (v.6). Il se trouve « au sommet » de quelques « monts couronnés de bois sombres » (v.9) et surplombe apparemment un village ou une ville dont il peut voir l'église avec « sa flèche gothique » (v.13). C'est un lieu qui semble idéal pour la méditation, avec un point de vue imprenable sur différents éléments importants dans son paysage.
2) Un espace-temps déformé
Cette méditation se passe à la tombée du soir, mais elle évoque également la nuit, le matin et le jour. En effet, c'est comme si le poète avait fait une nuit blanche après s'être installé sous son chêne.
Lamartine évoque tout d'abord le « coucher du soleil » (v.2), puis la levée de « l'étoile du soir » (v.8 ), le « crépuscule » et le « dernier rayon » (du soleil) (v.10). C'est donc le soir qu'il se repose contre son vieux chêne pour méditer et observer le paysage.
Par la suite, il s'attarde sur les « derniers bruits du jour » (v.16) qui sont les tintement des cloches de l'église et explique que « Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts » (v.20), ce qui signifie que le soleil est définitivement couché (mais aussi que son cœur ne peut plus être réchauffé quel que soit le temps). Lamartine semble lever les yeux au ciel et contempler « l'immense univers » (v.34) en songeant aux astres et aux planètes, au « soleil », aux « autres cieux », à la « sphère », à « la terre » (v.35-36). C'est une méditation qui semble se poursuivre sous la voûte céleste, la nuit.
Enfin, le poète évoque « le char de l'Aurore » (v.42), donc le matin. Cela fait référence à la mythologie, notamment gréco-romaine, qui donne aux dieux des « chars » pour coucher ou lever le soleil.
La huitième strophe évoque « le tour du soleil » qui « commence ou s'achève », le « ciel sombre ou pur », le « soleil » et les « jours », comme pour insister sur le fait que ses méditations n'ont pas réellement de période précise et semblent infinies.
3) Lamartine est un poète romantique car :
a) Il apprécie la nature.
Le champ lexical de la nature est particulièrement fourni. Nous y trouvons : « montagne » et « vieux chêne » (v.1), « soleil » (v.2, 20, 29, 32 et 38), « la plaine » (v.3), « le fleuve » et les « vagues écumantes » (v.5), « le lac » (v.7), « l'étoile du soir » et « l'azur » [=le ciel] (v.8 ), les « monts » et les « bois sombres » (v.9), « la terre » (v.19, 39, 47 et 48), « colline » x2 (v.21), « l'aquilon » (v.22), le « vallons » (v.25), les « Fleuves, rochers, forêts » (v.27), le « ciel » (v.31), la « feuille des bois » et « la prairie » (v.49), le « vent » et les « vallons » (v.50), « la feuille flétrie » (v.51) et « aquilons » (v.52).
Cela révèle que le poète est très attentif à la nature. Nous pouvons imaginer qu'il se promène par-ci par-là, à la recherche de son bonheur, en observant son environnement.
b) Il apprécie le pittoresque.
Lamartine mentionne quelques éléments pittoresques en rapport avec l'architecture comme par exemple la « flèche gothique » (v.13) et la « cloche rustique » (v.15). Ces termes nous laissent imaginer une église et nous renvoient à la religion mais aussi aux sons habituels des villes/villages.
c) Il est seul et désespéré.
Le titre du poème est déjà éloquent : « L'Isolement » indique bien qu'il se sent seul et qu'il s'isole.
Ensuite, lorsqu'il écrit qu'il soupire : « " Nulle part le bonheur ne m'attend. " » (v.24), cela signifie qu'il est tellement désespéré qu'il pense que le bonheur ne peut pas exister pour lui. Par la suite, nous sentons davantage sa solitude lorsqu'il trouve que le monde n'est plus que du « vide » et des « déserts » (v.34).
d) L'absence de l'être aimé l'a rendu indifférent à tout.
De la cinquième strophe à la neuvième, le poète ne semble plus avoir goût à rien.
Dans la 5ème strophe, la conjonction de coordination « Mais », qui marque l'opposition, vient en effet casser sa contemplation de la beauté du paysage pour n'en tirer qu'une « indifférence » totale. Le poète « N'éprouve devant » les « doux tableaux » que forment les paysages « ni charme ni transports ». C'est « une ombre errante », il est comme mort, d'où l'expression : « Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts. »
La 6ème strophe lui ressemble un peu, elle lui fait suite : le poète a beau porter son regard au loin « tous les points de l'immense étendue » ne l'aident pas à retrouver sa motivation. L'adjectif « immense » ajoute une dimension extraordinaire à sa mélancolie : même s'il a un paysage magnifique à détailler à perte de vue, il n'y trouve aucune joie, ce qui en dit long sur sa tristesse. Il pense que le bonheur l'a quitté en même temps que sa bien-aimée.
Les 7èmes, 8èmes et 9èmes strophes sont surtout composées de questions rhétoriques (qui n'attendent pas de réponse et ne servent qu'à réfléchir tout haut) et de formules négatives.
Le poète se moque de tout ce qu'il peut voir : les « vallons », les « palais », les « chaumières », donc tous les types d'architectures, ainsi que les « Fleuves, rochers, forêts », donc les éléments naturels, n'ont plus de charme (« le charme est envolé »). Même le soleil et sa course ne l'intéresse plus : « Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours. » Il voit tout d'un « œil indifférent ».
Le vers 28 est le vers le plus marquant de ce poème : « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! » (v.28 ). Il signifie que l'absence de l'être aimé provoque un tel vide chez lui, dans son cœur, que le monde et ses beauté n'ont plus aucun intérêt pour lui. Il se sent seul et rien ne peut lui assurer de bonheur.
Le pauvre homme enchaîne ensuite des expressions très négatives pour exprimer sont désintérêt du monde : « je n'attends rien des jours » , « Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire », « Je ne demande rien à l'immense univers ». Ses négations, formées à l'aide de l'adverbe « rien », sont très radicales et ne laisse pas de place à la possibilité d'une nouvelle motivation. Sa bien-aimée est morte, sa motivation avec elle.
e) Il ne se sent plus à sa place.
Les vers 31 et 32 font du poète un exilé sur terre, comme s'il n'avait rien à y faire et que son séjour ici n'était qu'une punition à ses yeux : « Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ? / Il n'est rien de commun entre la terre et moi. » Ainsi, Lamartine semble ne plus se sentir à sa place dans ce monde dépourvu de la figure aimée. Pour lui, il n'est plus lui-même de ce monde.
4) Un poète qui aspire à retrouver sa bien-aimée
D'après les quatre dernières strophes de ce poème, l'amoureux semble espérer rejoindre son amante disparue. Il voudrait « laisser sa dépouille à la terre », donc sans doute mourir, pour voir sa bien-aimée qui « paraîtrait » alors à ses yeux. Il veut voir « d'autres cieux », peut-être le Paradis ou le lieu où se trouvent les morts, en étant « porté sur le char de l'Aurore », donc guidé par des dieux ou le soleil, symbole d'espoir, et être emporté comme une « feuille flétrie » par les « aquilons ».
Lamartine fait ici toute une métaphore filée de la mort : le poète désire rejoindre sa bien-aimée et quitter cette terre qui ne lui laisse que solitude et douleur. Sans elle, il ne peut plus rien apprécier : il rêve donc de la retrouver.
Rappel : La métaphore filée est une figure de style qui consiste à imager un concept et à faire durer cette image sur plusieurs lignes/vers ou paragraphes/strophes.
Ici, Lamartine évoque la mort sur 4 strophes sans jamais écrire le mot « mort » concrètement. Il bâtit une image de la mort à l'aide de métaphores qui s'enchaînent : les autres cieux, la feuille flétrie, le départ avec l'Aurore, etc. C'est bien plus poétique ainsi !
Conclusion
Le poème de Lamartine est particulièrement travaillé et il nous serait difficile en 4ème d'en voir tous les aspects. Cependant, avec notre étude, nous avons pu prouver que le lyrisme de ce poète était fortement lié à son attachement au Romantisme (nature, mélancolie, solitude, pittoresque...) et à un événement personnel : la perte de sa bien-aimée.
Dans « L'Isolement », Lamartine veut nous rappeler que même si la nature est magnifique et propre à la méditation, elle ne suffit pas toujours à nous faire oublier notre souffrance, surtout lorsqu'elle porte sur l'amour. La contemplation des paysages ne lui permet pas vraiment d'atténuer sa peine et son cœur semble malheureusement aspirer à la mort.
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